Sans surprise Mohamed Bazoum est le vainqueur de l’élection présidentielle du 21 février dernier. Le 21 mars, la Cour constitutionnelle nigérienne a déclaré le candidat du parti au pouvoir, le PNDS, vainqueur du second tour avec 55,66 % des suffrages. Il est élu pour cinq ans. Son mentor Issouffou peut désormais savourer sa retraite autrement. Le coup bas que son «frère» Alpha Condé voulait faire contre son dauphin n’a pas marché. Malgré ses recours à la Cour constitutionnelle, l’opposant Mahamane Ousmane du RDR-Tchanji qui avait obtenu le soutien et les largesses du Chef de l’Etat guinéen, n’a recueilli 44,34% des voix.
Les résultats de la Cour constitutionnelle sont presque identiques à ceux annoncés par la CENI le 23 février. La Cour constitutionnelle étant la juridiction compétente en matière constitutionnelle et électorale, tout le monde doit s’y conformer. Sa décision doit être respectée, selon le porte-parole du Gouvernement. Après l’annonce des résultats, Mahamane Ousmane est resté silencieux. Sa stratégie est encore incertaine. Pourtant, il avait juré qu’il ne se laisserait pas «voler la victoire» et qu’il résisterait «en toute légalité».
Mohamed Bazoum devient ainsi le 10ème président du Niger à l’âge de 61 ans et après un long parcours construit patiemment. Il faut rappeler que c’est une figure de l’Union syndicale des travailleurs du Niger. Il est venu à la politique au début des années 1990 en créant avec Mahamadou Issoufou le PNDS, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme, formation qui rejoindra l’Internationale socialiste. Natif de Bilabrine, dans la région de Diffa, débute là son ascension. Élu une première fois député en 1993, poste auquel il sera réélu à trois reprises, il occupe plusieurs fois la fonction de vice-président de l’Assemblée nationale. Après une vingtaine d’années passées dans l’opposition, sa carrière prend un nouveau tournant en 2011 lorsque son compagnon de toujours, Mahamadou Issoufou, accède au pouvoir. Il devient alors ministre, d’abord des Affaires étrangères, puis de l’Intérieur. Des postes qui lui ont permis d’étendre son réseau, en particulier à l’étranger. En parallèle, Mohamed Bazoum est devenu, à partir de 2011, président du comité exécutif national du PNDS. C’est à ce poste stratégique qu’il a préparé la succession de son mentor. Mahamadou Issouffou l’a adoubé en 2019, malgré l’opposition de certains membres du PNDS. Son investiture de Mohamed Bazoum est prévue pour le 2 avril prochain. Attendons de voir si le Président Alpha Condé y participera après tout ce qu’il a fait pour son challenger Mahamane Ousmane.
Abdoulaye S. Camara