Le mardi 23 mars 2021, Mahamat Abdoulkader Oumar, alias général Baba Laddé, Président du FPR, le Front Populaire pour le Redressement, a publié l’acte 3 de sa déclaration politique.

Cet acte 3 de notre déclaration politique s’inscrit dans la continuité de nos précédentes déclarations, à savoir la défense d’un Tchad fort, en communion avec lui-même, réconcilié, sûr, bienveillant, protecteur envers les faibles dans une région en sécurité, résiliente, faisant la promotion d’un développement solidaire, durable, par la création des conditions des procédés démocratiques pour faire face aux défis environnementaux, de lutte contre les inégalités et ouvert au monde.  L’Acte 3 vise l’arrêt immédiat des violences criminelles du groupe militaire Wagner contre les minorités ethniques, et les populations vulnérables en RCA.  Il demande la création d’une Cellule de Vigilance à la CEMAC consacrée aux pratiques du groupe Wagner en République Centrafricaine, avec une co-supervision de l’Union Africaine :

Mes chers compatriotes

Il est fort interpellant de constater dans notre sous-région, de nombreux pays traversent des situations des crises sociopolitiques ostentatoires qui portent atteinte à nos droits fondamentaux et à nos libertés publiques, particulièrement dans notre pays, le Tchad. Également, nous constatons et nous prenons fait et cause de cette forte aspiration populaire pour une alternance démocratique au Tchad.

Sur un autre registre, nous nous insurgeons contre les violences lâches et barbares commises par le groupe armé, dénommé Wagner chez notre « voisin-proche », la République centrafricaine, cette violence touche toute la communauté nationale tchadienne. Qu’on ne nous mente pas, ceux qui sont visés sont singulièrement les Tchadiens et les Tchadiennes. Par ailleurs, au-delà de la solidarité institutionnelle entre nos deux Etats, il y a les liens séculaires de la fraternité entre le peuple centrafricain et le peuple tchadien. C’est pourquoi, « les douleurs centrafricaines, nous tchadiens, c’est notre douleur, la sécurité de la RCA, c’est notre sécurité ».

Les liens étroits entre nos deux peuples constituent la base de notre empathie, de notre humanisme, et de notre solidarité bien loin des principes sacro saints de la souveraineté territoriale et des peuples. Le peuple tchadien, porté par cette dynamique solidaire, accueille depuis plusieurs années des milliers de réfugiés centrafricains avec beaucoup de fierté et d’humanité. D’ailleurs, le Maréchal-Président Déby ne manque pas lui-même d’arguer avec beaucoup de populisme et d’instrumentalisation pour présenter le phénomène des réfugiés comme faisant du Tchad « le havre de paix régionale ». Bien évidemment, les liens étroits entre nos deux pays, nos deux peuples, soulèvent, d’une part, la question de la répercussion d’une nouvelle crise centrafricaine dans notre pays en termes de cohésion sociale, et en parallèle, soulève de facto, la question de la sécurité territoriale du Tchad. Parce que, notre pays est traversé sur le plan sécuritaire par des dynamiques régionales, globales. Cela met en défis la capacité du « système débydien » qui fait l’objetdun déficit de légitimité intérieure, de l’insécurité entretenue, des revendications multiformes, à pouvoir continuer à modérer à court et à moyen termes, les tensions inhérentes à des crises à caractère régional et global (par exemple : la guerre contre le terrorisme au Sahel).

D’autre part, la gestion quotidienne des candidats réfugiés centrafricains par le « système Débydien » qui excelle dans l’art de la « politique du ventre ». Un régime qui gère nos maigres ressources de façon clanique, tribale… Tout cela, dans un contexte de crise sanitaire mondiale liée au Covid-19 et qui se prolonge finalement dans une crise économique et sociopolitique profondes.

Notre parti, le Front populaire pour le Redressement (FPR) et notre président, Monsieur Mahamat Abdelkader Oumar, alias général Baba Laddé, candidat injustement et sans motif valable refusé par la Cour suprême du Tchad de participer aux élections présidentielles prévues le 11 avril 2021 est informé (le FPR) de la situation exacte des violations criminelles commises contre les populations civiles à Bambari et d’autres villages en RCA par le groupe armé, Wagner et en demeure préoccupé. Le FPR en tant que force politique responsable, soucieuse de la sécurité de notre pays, de notre région, du bien-être de nos concitoyens et de la cohésion dans le pays, a jugé nécessaire de donner sa position sur la stratégie sécuritaire, géopolitique testée par le groupe armé Wagner en RCA.

Le groupe militaire du nom de « Wagner » semble être imprégné de l’affirmation qui dit ceci : « qui veut la paix, prépare la guerre », à quel prix ? Quelles seront ces victimes pour cette « paix-politique » ?

Nous avons eu des informations à travers des sources crédibles des massacres criminels des populations nomades et pastorales par le groupe armé Wagner opérant en République centrafricaine. Le dernier acte en date est celui du 18 mars 2021 où le groupe Wagner a piloté une opération militaire d’une haute teneur, en massacrant des villageois peuls qui se trouvaient auprès de leurs campements, et leurs corps ont été abandonnés près de l’aéroport de Bambari.

En outre, le groupe armé Wagner, d’origine russe a sans retenue menacer les commerçants de la ville de Bambari qui ont voulu observer une grève de protestation par solidarité aux victimes des violences criminelles. Cela est d’autant plus inacceptable dans la mesure où il s’agit de populations civiles déjà très vulnérables.

Par ailleurs, nous considérons la stratégie de la « terreur absolue » du groupe armé Wagner sur des populations vulnérables lâche et irresponsable. Elle traduit d’une part, la mise en œuvre des procédés d’épuration ethnique, en pulvérisant des vagues d’assassinats à ces populations précarisées, vulnérables et qui sont hors du triangle du combat (champ de la bataille), pour déstabiliser l’écosystème social de ces villages centrafricains dans le seul but de généraliser la terreur. C’est la reproduction d’une approche de la terreur développée dans d’autres conflits pour décourager, saper le moral de combattants directs, et de distancier les rapports de sociabilité intercommunautaire dans ces villages victimes de violences.  

D’autre part, c’est un procédé de « guerre » classique, lâche, qui installe durablement les facteurs psycho-structurels des conflits futurs, à cause des humiliations, des stigmatisations et d’indignité qu’elle engendre. Cette stratégie de la « terreur absolue » portée par ce nouveau mercenariat politico-sécuritaire de certaines « puissances régionales étrangères », sous le radar de la « diplomatie sécuritaire interétatique », non assumée publiquement dans les différents protocoles, est exporté en Afrique subsaharienne.

A priori, ces nouvelles pratiques de « mercenariat automatique piloté loin des radars africains » ne favorisent pas l’émulation par des dirigeants autoritaires africains à entamer l’apprentissage minimaliste des pratiques consensuelles. Autant, cette demande sociale est cruciale actuellement en Afrique. Par ricochet, cette stratégie de la « terreur absolue et du statu quo politique » favorise le discours des tenants du narratif de « l’efficacité des ardeurs de la violence » et renforcent la « pertinence du dilemme de l’option démocratique ». Le groupe armé, Wagner vient réconforter ces autocrates africains souffrant de légitimité avec leurs bases sociales.

Il faut aussi souligner, que l’Afrique n’a pas besoin de mercenaires étrangers qui ont des pratiques non normalisées et douteuses. Nous avons assez de ressources locales pour faire face à nos défis sécuritaires, en même temps, nous avons besoin de cette coopération bilatérale et multilatérale pour renforcer nos capacités sécuritaires et de notre trajectoire de développement durable et inclusif.

Cette stratégie de la « terreur absolue » qui est testé par les équipes du groupe militaire Wagner en RCA contre les populations vulnérables (femmes, enfants, vieillards, agriculteurs-nomades…) rappelle la nostalgie du groupe à ressusciter la pratique obscure du « nazisme ».

Le monde moderne a «humanisé» l’art de faire la guerre, en codifiant les règles et les comportements que les belligérants doivent observer. A Bambari, les populations touchées ne font pas partie de la règle théâtrale du combat direct. Ces populations devraient être surtout protégées. C’est pourquoi, les promoteurs du groupe armé Wagner ne doivent pas prétexter de l’anomalie dans la juridiction internationale qui favorise un positionnement juridique qui reste «état-centrique» pour se soustraire de leur responsabilité. Ou d’essayer de profiter du «brouillage dans la géopolitique internationale» qui produit souvent des alignements à « contre nature» en termes idéologiques, ou dans les «alliances entre un Etat et un groupe armé» par exemple, au nom d’un «business as usual» pour commettre des atrocités sur les populations civiles.

Donc, à l’évidence, l’interdépendance des pays de la région de la CEMAC, cette zone géographique se mêle d’homogénéité multidimensionnelle, population, géographie, culture, pratiques socioéconomiques, socioculturels et des défis sécuritaires partagés.

C’est pourquoi, le comportement agressif du groupe armé Wagner est devenu une menace pour nos intérêts et pour les populations locales de la région de la CEMAC, car elle ressuscite et met en péril le vivre ensemble et renforcent les frustrations des populations locales, en accentuant leur vulnérabilité mettant ainsi à mal leurs résiliences à l’hostilité environnementale.

Enfin, cet acte 3 de notre déclaration politique s’inscrit dans la continuité de nos précédentes déclarations, c’est-à-dire la défense d’un Tchad fort, en communion avec lui-même, réconcilié, sûr, bienveillant, protecteur envers les faibles dans une région en sécurité, résiliente, faisant la promotion d’un développement solidaire, durable, par la création des conditions des procédés démocratiques pour faire face aux défis environnementaux, de lutte contre les inégalités et ouvert au monde. 

C’est dans cet esprit que nous fermons cette déclaration par les propositions suivantes :

  1. Sans prétention, ou d’intrusion aux affaires intérieures de la RCA, nous demandons à l’Etat accréditant (l’Etat centrafricain) de fixer les limites à ne pas franchir par ses partenaires de sécurité ou l’entité avec qui il sous-traite la question sécuritaire, c’est-à-dire le groupe armé Wagner.

C’est dans l’intérêt des nouvelles autorités centrafricaines d’éviter de tomber dans les pièges des violences aveugles contre des populations « indexées injustement » et vulnérables. Les pratiques discriminatoires ne doivent pas prospérer au mépris des conditions d’entente nationale et de la promotion de la cohésion inclusive résiliente ne souffrant d’aucune impartialité. 

  • Le FPR, demande aux Etats de la CEMAC d’actionner une démarche politico-diplomatique solidaire, plus offensive, pour demander des comptes aux nouvelles autorités centrafricaines sur les violences des droits fondamentaux et des droits de l’hommes, commises par le groupe Wagner en RCA contre les populations vulnérables du pays.
  • Et, en parallèle, nous demandons la création d’une Cellule de Vigilance avec l’appui politique de l’Union Africaine qui jouera le rôle de « Co-superviseur » à côté de la CEMAC. Cette Cellule sera dédiée à répertorier les pratiques du groupe armé Wagner en RCA. Cela, du fait que les pratiques du groupe militaire Wagner en RCA constituent un teste avancer des nouvelles formes des pratiques du mercenariat étranger dans les Etats fragiles en Afrique subsaharienne.

Sur la politique intérieure du Tchad

  1. Nous réitérons notre demande d’organiser une consultation nationale inclusive dans un pays de la CEMAC, soit au Congo-Brazzaville soit en Guinée-Equatoriale.

A défaut de cette consultation nationale inclusive, nous demandons le boycott des élections présidentielles prévues le 11 avril 2021

  • Nous redemandons de nouveau la libération des prisonniers politiques et du droit commun qui ont été injustement emprisonnés au Tchad et le soutien consulaire des prisonniers tchadiens à l’étranger pour faciliter leur libération.
  • Le FPR soutient toutes les initiatives concertées qui rentrent dans le cadre des actions politiques et citoyennes qui concourent à lutter contre tout hold-up électoral au Tchad et de la promotion de l’alternance démocratique.

Femmes tchadiennes, leaders communautaires, corps constitués, agriculteurs, éleveurs, jeunesse, étudiants, Peuple tchadien : «Ta liberté naitra de ton courage».

Vive l’alternance démocratique !

Mahamat Abdoulkader Oumar, alias général Baba Laddé

Président du Front Populaire pour le Redressement

Candidat refusé sans motif valable pour les élections

présidentielles prévues le 11 avril 2021