Dans les colonnes du magazine Jeune Afrique, le président Alpha Condé a chargé ses opposants détenus à la Maison centrale. Alors que Ousmane Gaoual Diallo, Cellou Baldé, Etienne Soropogui, Abdoulaye Bah sont en attente de leur procès, le Prési Alpha Grimpeur n’hésite pas à les qualifier de fauteurs de trouble, de coupables.
Le Prési Alpha Grimpeur indique que les quelques responsables de l’UFDG arrêtés l’ont été en tant que « commanditaires directs d’actes de violence commis tant à Conakry qu’à l’intérieur du pays : maisons incendiées, destructions de biens publics, poteaux électriques sciés, assassinat des membres des forces de l’ordre, etc ». Pour lui, il ne s’agit en aucun cas de prisonniers politiques, « mais de fauteurs de troubles, coupables d’avoir envoyé contre la police des jeunes munis d’armes blanches, parfois des fusils et d’explosifs ». Il dit détenir toutes les preuves et elles seront exposées lors du procès, y compris les appels au « meurtre » contre sa propre personne. « Les Guinéens savent quelle est l’étendue de la responsabilité de ces gens dans les violences, et pas un chat n’a bougé lors de leur arrestation. Les jeunes manipulés et téléguidés ont, eux, pour l’essentiel, été libérés à l’issue de leur peine ».
A la France qui, du bout des lèvres, a critiqué sa machine répressive, le Prési Alpha Grimpeur a répondu que 3 200 gilets jaunes ont été condamnés en France entre novembre 2018 et novembre 2019, dont un millier à la prison ferme. « C’est beaucoup plus qu’en Guinée, pour des délits pourtant beaucoup moins graves » dit-il.
Sur sa page Facebook, Me Mohamed Traoré, un des avocats des détenus a dénoncé une atteinte à la présomption d’innocence : « Adieu la présomption d’innocence. Le verdict est déjà prononcé; le procès est terminé. Il n’e reste plus qu’à mettre à exécution les sentences. Ceux qui cherchaient encore les motifs de la suspension par les avocats de leur participation à ces procédures peuvent les trouver dans ces déclarations (du Président) qui en sont le résumé parfait ». Puis de rappeler qu’en procédure pénale, une instruction doit se faire à charge et à décharge. Mais lorsque de telles déclarations sont faites, « il y a d’énormes risques pour les personnes mises en examen (inculpées) que l’instruction ne soit menée qu’à charge. Les risques sont d’autant plus grands que l’indépendance de la justice n’est pas toujours effective ». La volonté de satisfaire aux desideratas du chef l’emporte souvent sur le devoir de rendre la justice en âme et conscience, fulmine l’avocat.
Oumar Tély Diallo