Le bled connaît une « énième » vague de la pandémie de Covid-19 depuis quelques semaines. L’Alphagouvernance, pour y faire face, décide de reconduire la quasi-totalité des morsures prises à l’annonce de la maladie en mars 2020. Les farces de l’ordre se sont déployées en grand nombre sur les routes de Cona-cris et celles des buissons de l’intérieur. Alors sortir de la capitale relève d’un véritable parcours de combattant puisque les tracasseries sont légion. C’est l’occasion alors pour les flics, bidasses et pandores de renflouer leurs poches trouées grâce au fric des rackets. L’enfer pour les usagers de la route débute à la sortie de la préfecture de Coyah. La meute de flics a minutieusement choisi son coin, en s’installant à quelques pas du dernier mètre du goudron. Chauffeurs et passagers n’ont aucun moyen d’y échapper. Deux semaines auparavant, ces agents exigeaient la présentation du certificat d’un test négatif au Covid-19. Désormais, ce n’est en aucun cas une priorité. Les agents se fichent des gestes barrières pour ne s’intéresser qu’à l’argent. Le chauffeur débourse entre 5 000 et 10 000 francs glissants à titre de levée de barrage. Le tarif commence à 10 000 francs pour les passagers, selon la capacité de négociation et l’éloquence de la victime. Entre Kouriah et Kindia, ces barrages de rackets foisonnent. Ils ne sont pas moins de cinq érigés le long de la route alors qu’il n’y a que celui de Kouriah qui serait conventionnel. A chacun de ces barrages, le chauffeur doit glisser les billets de banque dans les documents du véhicule pour qu’ils soient bien lisibles par les agents-contrôleurs. Les passagers se concertent pour renforcer les gestes de celui qui est chargé de lever les barrières. Même au profit de ceux qui ont oublié de faire le test anti-Covid au départ de Cona-cris. Bizarrement de Mamou à Labé, il n’y en a qu’un seul. Celui installé à Hafia à une quinzaine de kilomètres de la ville de Labé. Là, les pandores se contentent des 5000 gnf offerts par le chauffeur.
Pendant le trajet, l’état chaotique de la route s’occupe du reste de la souffrance des usagers. Ceux-ci sont pris en tenaille entre les trous béants ouverts par les chinois et la poussière. Ce n’est pas pour rien que le Chinois de Kassory n’a pu survivre.
Yacine Diallo