La Constitution, c’est ce texte de loi sacré sur lequel se fonde le fonctionnement d’une nation, il faut le dire, en Afrique elle est souvent modifiée ajustée à des fins purement personnelles. Aujourd’hui on vous présente sept présidents africains qui ont modifié la Constitution pour briguer un troisième mandat :
Numéro 1 : Gnassingbé Eyadema au Togo en 2002. Alors que son mandat présidentiel touche à sa fin, Gnassingbé Eyadema qui était en ce moment le doyen des chefs d’Etats africains, a une idée de génie : changer l’article 59 de la Constitution togolaise qui limitait le nombre de mandats au profit d’une Constitution sans limite de mandat, ouvrant ainsi la voie non seulement à sa candidature aux élections présidentielles de 2003 mais aussi à la dynastie des Eyadema à la tête Togo. A sa mort en 2005, son fils, Faure Gnassingbé, a pris la tête du pays et ne l’a pas quitté, grâce à l’absence de limitation de mandat que son père avait mis en place, une affaire familiale.
Numéro 2 : Oumar Bongo au Gabon. Ici, c’est la même recette qu’au Togo. Inspiré par son ainé de quelques jours, Gnassingbé Eyadema, décide à son tour de réviser la constitution en 2003 pour faire sauter la limitation de mandat. Ceci lui permet de se présenter en 2005, aux élections qu’il gagne avec plus de 79% des suffrages, mais donne aussi la garantie à son fils, Ali Bongo Ondimba, d’avoir de biens longues années au pouvoir. On ne sait pas qui a conseillé Bongo et Eyadema de dire que le chef de l’Etat c’est comme une chemise qui est devenue très petite pour le chef, qu’il donne à son enfant, ça ne marche pas comme ça.
Numéro 3 : Idriss Déby Itno au Tchad. Est-ce qu’on est vraiment étonné de voir le tout nouveau Maréchal Idriss Déby dans ce flop ? Le maréchal suprême des armées fait double changement de Constitution en seulement 13 ans. Est-ce que la Constitution sert encore ? Un bon vieux royaume, ce n’est pas plus adapté ? Alors qu’en 2005 les rebelles essayaient de s’emparer du pouvoir, Idriss Déby sauvé par les troupes françaises, fait voter un changement de la Constitution qui lui permet de se présenter en 2006. Ce serait pour l’intérêt supérieur de la nation comme il le dit lui-même. La même chose en 2018 toujours pour l’intérêt supérieur de la Nation, il change de nouveau la Constitution en mettant des mandats de 6 ans ce qui pourrait lui permettre de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2033 pour l’intérêt supérieur de la Nation.
Numéro 4 : Paul Biya au Cameroun, 38 ans de règne. Réélu 7 fois à la tête du Cameroun, Paul reste infatigable. Le changement de Constitution a été opéré en 2008 en vue de modifier la précédente mesure et limiter le nombre de mandats à deux exercices. Ce qui lui a permis d’être réélu en 2011, puis 2018 avec à chaque fois, plus de 70% de voix. Est-ce que cela va continuer au-delà de 2025 sachant qu’il a 87 ans ?
Numéro 5 : Dénis Sassou Ngessou, au Congo. Il est arrivé à la tête du Congo deux fois par coup d’Etat, le 1er en 1979 et le second 1997. Il n’a pas hésité à changer de constitution car la première ne lui permettait plus d’être candidat. Celui qu’on appelle communément Otchombé du côté de Brazzaville a appliqué les nouvelles recettes pour se maintenir au pouvoir après les élections de 2016 : coupure d’internet, couvre-feu, interdiction de rassemblement, suivis de l’arrestation des opposants pour atteinte à la sureté de l’Etat…
Numéro 6 : Alassane Ouattara, le nouvel entrant dans la ligue des troisièmes mandats après avoir donné espoir à l’Afrique en annonçant en grande pompe qu’il ne va pas se présenter aux élections. ADO est revenu sur sa décision à la suite du décès de son défunt Premier Ministre, Amadou Gon Coulibaly. Il a expliqué d’ailleurs : pour l’intérêt supérieur de la nation, il se devait de briguer un troisième mandat car il n’y a personne pour le remplacer, personne dans un pays de plus de 25 millions d’habitants avec ce nombre d’intellectuels. Nous te croyons. Voyons voir si en 2025, il y aura enfin quelqu’un de valable.
Numéro 7 : Alpha Condé en 2010. Il a suscité un grand espoir de démocratie dans un pays qui a connu les dictatures successives de Sékou Touré et de Lansana Conté. Cependant, Alpha Condé a surpris de nombreux Guinéens en annonçant sa candidature de 2020 après avoir modifié la Constitution en 2019. C’est sans surprise qu’il a plié le débat dès le 1er tour. Sûr que la liste n’est pas terminée puisque vous n’avez pas entendu le nom d’Obiang, Musveni…