Les huissiers de justice de Guinée sont en grève depuis le 12 avril. Ils dénoncent ce qu’ils appellent de multiples entraves aux exécutions des décisions de justice. Ces huissiers accusent notamment le procureur général de bloquer volontairement les réquisitions, document qui leur est pratiquement indispensable pour leur travail. Ils ont été rejoints, par solidarité, par l’ordre des avocats. Cette grève engendre aujourd’hui un blocage presque total de l’appareil judiciaire du pays. Il n’y a pas eu d’audiences depuis la semaine passée.
Toutes les tentatives de négociations sont restées infructueuses. Le ministère de la Justice semblait prendre les choses en main, en convoquant, ce 28 avril, les responsables de la chambre nationale des huissiers de Guinée, de l’ordre des avocats, des notaires, maires des cinq communes de Conakry, haut commandant de la gendarmerie, directeur nationale de la police, représentants du gouverneur de la ville…. Une rencontre décisive pour tenter de mettre fin à cette grève. Mais la montagne a accouché d’une souris.
« Nous avons entamé les discussions, mais nous avons demandé un renvoi jusqu’au lundi. Lorsque nous avons été invités à cette rencontre, nous pensions que c’était pour nous soumettre des propositions de sortie de crise afin de les examiner. A notre grande surprise, le ministère nous demande de présenter des propositions de sortie de crise. Nous, nous avons présenté une plateforme revendicative, nous avions cru que le département avait déjà une proposition de sortie de crise. Nous allons discuter avec nos mandants, faire une autre plateforme cette fois-ci contenant des propositions de solution » déclare Maitre Sory Daouda Camara, président de la chambre nationale des huissiers de justice de Guinée.
Les parties se retrouveront à nouveau le 3 mai prochain pour tenter de rapprocher les positions. En attendant, les grévistes promettent de revenir avec un plan détaillé de propositions de solutions pour mettre fin une bonne fois aux incompréhensions entre auxiliaires de justice et autorités judiciaires. Me Djibril Kouyaté, bâtonnier de l’ordre des avocats est optimiste : « Les lignes n’ont pas bougé aujourd’hui, mais elles bougeront. Un cadre de concertation sera certainement mis en place le lundi prochain ».
Yacine Diallo