Délocalisé à la mairie de Ratoma, le procès de Marie Madeleine et Nana Martine Dioubaté s’est poursuivi ce 9 juin, au tribunal de première instance de Dixinn. La candidate à l’élection présidentielle de 2015 et sa sœur sont traduites devant la justice par dame Dame Djénabou Diallo pour abus de confiance et escroquerie. Elles sont accusées d’avoir détourné à la plaignante un diamant de 45 millions de dollars américains, avec l’aide de Thierno Alghassimou Diallo et de Mamadou Lamarana Diallo, au gnouf depuis près de quatre mois.
Devant le juge, ces derniers n’ont pas nié avoir participé au transfèrement du diamant vers la France via Bamako, mais jurent ne pas savoir la suite que la famille a donnée à cette affaire. Or Marie Madeleine Dioubaté et sa sœur refusent de venir comparaître en Guinée. Elles arguent que le dossier a déjà été traité par la justice française. «J’ai échangé avec Me Salomon, avocat des dames, il m’a fait savoir que sa cliente ne l’a pas encore contacté ». Maitre Amadou Oury Diallo, avocat de la partie civile demande alors au tribunal de joindre la procédure concernant Marie Madeleine Dioubaté et sa sœur à celle de Thierno Alghassimou Diallo et de Mamadou Lamarana Diallo. Ils sont poursuivis séparément, mais dans la même procédure : « Il est établit que ma cliente a donné ce diamant à Thierno Alghassimou Diallo. Lui, à son tour, l’a remis à Mamadou Lamarana Diallo. C’est ce dernier qui a passé le diamant à la famille Dioubaté. Ces deux affaires sont connexes, nous vous demandons de faire une jonction de procédures pour qu’on puisse avancer ». Un niet catégorique est opposé par l’avocat de Thierno Alghassimou Diallo et de Mamadou Lamarana Diallo : « Cette pierre a été remise à Nana Martine Dioubaté par Lamarana en territoire malienne. C’est une peau de banane qu’on est en train de glisser au tribunal ».
«Vous n’êtes pas l’avocat des dames. Dans ce dossier, les infractions ont été commises par plusieurs personnes en des endroits différents», rétorque l’avocat de la partie civile. Le procureur d’ajouter : «Il y a une connexité des faits dans ce dossier. On ne peut pas parler des faits de Conakry sans parler de ceux de Bamako. On peut juger une personne par défaut. Ordonnez la jonction des procédures». Le juge Aboubacar Maféring Camara a renvoyé le dossier au 23 juin prochain, pour se prononcer sur la jonction de procédures.
Cette affaire remonterait en 2019. Djénabou Diallo, en promenade dans une plage de Conakry, aurait ramassé ce diamant. Elle le montre à un certain Thierno Alghassimou Diallo, vigile dans une des villas de l’homme d’affaires Diallo Sadakadji. Thierno Alghassimou fait croire à la propriétaire qu’il connait une personne capable de l’acheter. Il contacte Mamadou Lamarana Diallo, démarcheur. Ce dernier contacte Marie Madeleine Dioubaté. Elle le met en relation avec sa sœur Nana Martine qui vit à Bamako. Mamadou Lamarana Diallo et Djénabou Diallo débarquent au Mali avec la pierre précieuse, la remettent à Nana Martine Dioubaté, qui l’embarque pour la France. Marie Madeleine Dioubaté confirme avoir reçu le diamant, mais quelques semaines plus tard, déclare qu’elle lui a été dérobé, sans en expliquer les circonstances.
Yacine Diallo