Poursuivi pour offense sur la personne du président de la République, production, diffusion, mise à disposition d’autrui des données de nature à troubler l’ordre public, injures par le biais d’un système informatique, l’adjoint au maire de Matam a comparu le 21 juin devant la juge du Tribunal de première instance de Mafanco. Dans son réquisitoire, la procureure de la République, Joséphine Loly Tinguiano, a demandé à la juge de condamner Ismaël Condé à 7 ans d’emprisonnement. En guise de réaction, Maître Mohamed Traoré, avocat de la défense, s’est demandé comment un magistrat peut requérir une telle peine contre un prévenu, «rentrer à la maison et dormir tranquillement, revenir le matin et travailler comme si rien n’était.» Il tranche : «Cela ne m’étonne pas, quelqu’un a dit récemment que le procureur est au service du gouvernement. Malheureusement, cela se prouve en longueur de journée, car les décisions qui sont rendues depuis un certain temps dans les affaires concernant les opposants et membres du FNDC nous font honte en tant qu’avocats… Si je pouvais revenir en arrière, je vous assure que j’aurais choisi une autre profession tellement que je suis déçu aujourd’hui de la manière dont la justice fonctionne dans certains dossiers.»

A la présidente du tribunal de Mafanco, Djenab Doghol Diallo, il indique : «Aujourd’hui, c’est vous qui êtes en train de juger M. Ismaël Condé, mais demain, sachez que vous serez jugée aussi. Là où vous serez jugée, il n’y aura pas d’avocats. Vous serez seule face à notre Créateur. Je le dis à l’ensemble des magistrats, en particulier les juges, c’est bon d’aller à la Mecque ou à Rome, mais ça ce sont des manifestations extérieures. Ce que Dieu prend en compte, ce sont les œuvres».

Il rappelle que «depuis qu’on jugeait M. Alpha Condé en tant qu’opposant, la justice était déjà instrumentalisée dans les affaires politiques. On a pensé qu’après les états généraux de la justice, les choses allaient changer. Mais je suis encore plus déçu aujourd’hui par une certaine nouvelle génération de magistrats qui sont en train d’emprunter cette voie laissée par des anciens.» Me Traoré rappelle que son client est «l’exemple type d’un prisonnier d’opinions.» Il a été l’un des rares [au sein du RPG] qui a dit «Nous voulons un 3è mandat pour le RPG, mais pas pour le Pr. Alpha Condé. C’est l’idée de l’alternance (…). La démocratie dont on parle commence dans les partis. Tout le monde ne peut pas avoir la pensée unique.» Il déduit que l’opposant d’Ismaël Condé au 3ème mandat d’Alpha Condé lui a valu des ennuis au sein de sa mouvance politique. «Il a commencé à avoir des problèmes au niveau de la mairie à travers les conseillers. Pas ceux l’opposition, mais les conseillers de son propre camp», déplore l’avocat.

MG