Le procès opposant le Contrôleur général de police, Aboubacar Fabou Camara et le commandant Sékou Ly à Maitre Pépé Antoine Lama, a repris ce 23 juin au TPI de Kaloum. L’avocat accuse le dirlo central de la Police judiciaire et son subordonné d’injures publiques et d’atteinte aux libertés individuelles. Des faits prévus et punis par les articles 363 et 643 et suivants du Code pénard. Des infractions que les accusés rejettent catégoriquement.
Mais à peine l’audience ouverte, Me Djibril Kou-raté euh…Kouyaté, bâtonnier de l’Ordre des avocats et un de ses prédécesseurs, Me Dinah Sans-piles euh… Sampil ont demandé de la renvoyer, le temps pour eux d’organiser une médiation pénale entre les deux parties au procès : «Nous sommes des humains, personne n’est parfaite. Nous faisions des erreurs, mais nous pouvons aussi nous parler. Nous avons payé la caution pour montrer notre volonté. C’est pourquoi nous voulons nous retrouver en privé, pour laver le linge sale en famille. »
La demande de renvoi a laissé perplexe la juge, Hadja Mariama Doum-bouillant : «Chacun connaît ses droits et ses limites. Si chacun respectait ses droits et ses obligations, on ne serait jamais arrivé là. Et la caution est déjà payée. Si elle n’était pas payée, nous ne serions pas réunis ici. » Pour le pro-crieur, Alpha Sény Cas-marrant, il n’existe aucune base juridique pour parler de médiation pénale à l’insu du mystère public : «Si victime il y a eu, c’est un avocat nommément cité qui est victime. Juridiquement, une médiation pénale n’est possible qu’au niveau du parquet. Mais la victime peut désister. »
Pour Me Dinah Sans-piles, cette demande de renvoi a bien ses raisons : «Cette procédure de négociation pénale est prévue par le Code de procédure pénale. Nous estimons qu’à ce niveau de responsabilité, monsieur le Directeur de la police judiciaire, en dépit de son grade de Général, ne peut pas être exposé dans le spectacle d’une audience judiciaire face à un avocat avec qui, il est appelé à travailler, pour le grand bénéfice des procédures devant les tribunaux. »
Les avocats de la partie civile ne s’attendaient pas à un tel rebondissement, ils ont cependant accepté de se plier à la demande du Bâtonnier : «Les deux parties au procès seront toujours obligées de travailler ensemble. Nous ne savons pas pourquoi le bâtonnier a demandé cette médiation, mais pour le moment, nous sommes derrière notre bâtonnier. Qu’il vous plaise de renvoyer cette affaire à deux semaines, pour que le bâtonnier nous expose le contenu de cette médiation.»
L’affaire a été renvoyée au 30 juin, pour l’ouverture des dégâts au cas où la négociation ne prospérait pas. Les deux parties pourraient se retrouver dès demain jeudi 24 juin, pour démarrer la médiation.
Yacine Diallo