La semaine dernière, le Prési Alpha Grimpeur a gratifié de sa grâce quatre locataires de l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie. Des pensionnaires dont certains ont des pseudonymes bien évocateurs « Grenade, Madic 100 Frontières » par exemple, auxquels s’ajoutent Souleymane Condé et son comparse Youssouf Dioubaté. Ils sont tous punis pour avoir eu l’outrecuidance de s’opposer bruyamment au troisième mandat d’Alpha Grimpeur. Un péché véniel, un crime de lèse-majesté ! Les quatre activistes de la société civile ont laissé dans la geôle de Kaloum des compagnons d’infortune parmi lesquels de grosses légumes telles que Ibrahima l’ex Shérif de la Banque centrale, Etienne Soropogui, Ousmane Gaoual, le tonitruant communicant de l’UFDG, réputé pour sa verve.
En dépit (ou à cause) de leur popularité, ces prestigieux taulards ont été tout simplement oubliés par la généreuse grâce présidentielle. Ce qui a laissés dubitatifs nombre d’incrédules jamais satisfaits des arguments servis au populo par ceux qui nous gouvernent. Mais c’est ne pas se souvenir que la grâce présidentielle qui relève du fait du prince est par essence discriminatoire. Il s’agit d’une faveur qui ressort du domaine discrétionnaire de celui qui l’accorde. Mais comme notre bled brille par son particularisme, il se susurre que le fait du prince n’en serait vraiment pas un. Le prince a monnayé sa magnanimité contre une espèce de repentance du gracié. Quoi donc ? Du donnant donnant ou si vous voulez du gagnant-gagnant ? Tu fais amende honorable et je t’accorde la grâce dont j’ai la prérogative.
D’où la ségrégation apparente qui caractérise l’opération de charme que constitue la libération des « Grenade…et Madic 100 frontières ». Ceux qui ont fait de la résistance et bombé le poitrail resteront à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie, le temps de réfléchir, de se ramollir et redimensionner leur égo. Derrières ces supputations se profile l’ombre, à n’en pas douter, du Shérif de la BCRG, Gaoual, Etienne Soropogui et consorts. Connaissant peu ou prou ceux de qui on parle et la hauteur avec laquelle ils ont coutume de prendre les faits, on ne voit pas comment ils pourraient se résoudre à faire, eux aussi, amende honorable de leurs propos et actes nés de leur conviction d’opposants à l’Alphagouvernance.
Le bras de fer ne fera donc pas long feu. A moins que les taulards dont nombre ne sont pas d’habituels pensionnaires des hôtels cinq étoiles du pays, ne craquent et capitulent. Ou alors qu’un médiateur aussi talentueux qu’un prestidigitateur ne sorte de sa boule de cristal la solution salvatrice.
Seigneur, sors-nous des sentiers battus et des vilenies politiques et engage nous dans la voie de l’humanisme fécond, la fraternité, socle de la démocratie, facteur de progrès et de bien-être collectif, inclusif. Les grosses légumes et le menu fretin de l’opposition et de la société civile encore au gnouf à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie et ailleurs sont des graines de sable dans le dialogue dont on parle.
Abraham Kayoko Doré