Ismaël Condé va poursuivre son séjour à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie. Le premier maire-adjoint de la commune de Matam a été condamné ce 8 juillet à trois ans et quatre mois d’emprisonnement et au paiement d’une amende de 30 millions de francs glissants. C’est la décision de la présidente du tribunal de première instance de Mafanco, Djénabou Dogghol Diallo. Elle l’a reconnu coupable «d’offense sur la personne du Président de la république, de production, de diffusion et de mise à disposition d’autrui des données de nature à troubler l’ordre public, et d’injures par le biais d’un système informatique».

Ismaël Condé a, durant tout le long du procès, réfuté ces accusations. L’opposant et ses avocats n’ont de cesse lié ces accusations à son adhésion à l’UFDG et à son opposition au 3è mandat d’Alpha  Grimpeur. Cela n’avait point empêché le mystère public de requérir sept ans d’emprisonnement contre le militant de l’UFDG.

Cette décision a effarouché maître Salifou Béavogui, un des avocats du prévenu : «Monsieur Ismaël Condé ne mérite pas ce qui lui arrive. On veut se servir de la justice, et pour de raisons politiques, pour le maintenir en prison… Cette sanction est exagérée, nous relèverons appel et utiliserons d’autres moyens pour qu’il puisse recouvrer sa liberté, parce que c’est sa liberté qui nous intéresse aujourd’hui».

Me Salifou Béavogui et Ismaël Condé, après la décision du TPI de Mafanco

Ismaël Condé, lui, se dit convaincu qu’il n’a insulté personne. Mais il a présenté des excuses au Prési Alpha Grimpeur, comme l’ont fait récemment Boubacar Diallo alias Grenade, Mamadi Condé dit Madic 100frontières, Souleymane Condé et Youssouf Dioubaté. Une façon d’emmener le Grimpeur à le gracier ? «Je suis très peiné d’être condamné pour de telles accusations. Je ne suis pas un homme qui utilise les injures pour faire passer ses idées… Monsieur le Président, si par mes publications, il m’est arrivé de vous offenser, de vous injurier, sachez que ce n’était pas l’expression d’une volonté manifeste. Je me repens. De ce fait, mettez cela dans le cadre d’une faute de jeunesse. Je me repens, en vous présentant mes sincères excuses.»

Dans la seconde affaire, Ismaël Condé était accusé, avec le maire de Matam, Seydouba Sacko, «d‘escroquerie, d’entrave à la liberté d’accès et à l’égalité des candidats  dans les marchés, les concessions, d’égalité de service public et complicité», par la Société Étoile Émergente. Là, la juge, Djénabou Dogghol Diallo, a renvoyé les deux prévenus des fins de la poursuite. Elle a estimé la plainte de la société mal fondée et appelé les plaignants à mieux se pourvoir.

Ismaël Condé est en prison depuis septembre 2020. Hasard du calendrier, ses ennuis judiciaires ont commencé quand il a exprimé publiquement son opposition au tripatouillage constitutionnel. Mais qui sait, peut-être qu’il sera contaminé par le virus de la grâce présidentielle qui se répand ces derniers temps.

Yacine Diallo