La question des missions d’observation électorale de la CEDEAO a été l’une des questions abordées lors du 2ème Sommet ouest-africain de la Société civile qui a eu lieu à Cotonou du 8 au 10 juillet. Le constat est qu’à chaque élection, les observateurs électoraux de cette organisation délivrent des satisfécits aux organisateurs des élections. Parfois, ils n’attendent même pas que le contentieux électoral soit vidé avant de rendre des rapports flatteurs sur l’organisation des élections. Aujourd’hui, c’est la question même de la crédibilité et de l’honnêteté de ces missions d’observation de la CEDEAO qui est sur toutes les lèvres, en tout cas, au sein de la plupart des mouvements citoyens. Il ne faut d’ailleurs pas perdre de vue que les fonctionnaires de la CEDEAO sont issus très souvent des fonctions publiques de leurs pays. Ils intègrent donc la fonction publique communautaire avec les tares, les travers, les insuffisances propres aux fonctions publiques de leurs pays respectifs. La probité morale des membres de ces missions peut donc être questionnée.
La même question concerne les missions d’observation de l’Union africaine. Lors de la dernière élection présidentielle en Guinée, la mission d’observation électorale de l’Union africaine était dirigée par un ancien Premier ministre de la RDC, M. Augustin Matata Ponyo. Nombreux sont les Guinéens qui, quelques semaines après ce scrutin, ont été surpris de constater que c’est la même personne qui a été choisie comme consultant par le gouvernement sur les questions de bonne gouvernance. Qu’est-ce qui s’est passé entre-temps ? Si M. Matata Ponyo a obtenu ce contrat avant le 18 octobre 2020, il ne devrait en aucun cas diriger une mission d’observation électorale en Guinée puisqu’il y aurait eu incontestablement un conflit d’intérêt.
Et si le contrat avait été conclu après le 18 octobre, une question légitime se pose: son contrat n’est-il pas la rémunération d’un service rendu ? En tout état de cause, l’intéressé devrait avoir lui-même la délicatesse et la prudence nécessaires pour apprécier sa propre situation face à cette problématique.
Les ennuis judiciaires liés à une affaire de détournement de deniers publics qu’il connaît en ce moment dans son pays viennent conforter les nombreuses interrogations sur sa personne, même s’il faut relever avec force qu’il est présumé innocent.
Mais au-delà de M. Matata Ponyo, les citoyens devraient être très regardants sur la composition des missions d’observation électorale en Afrique.
Me Mohamed Traoré,
Ancien Bâtonnier