Exclus du groupe parlementaire Alliance patriotique pour, dit-on, indiscipline, malveillance et rébellion, Abdoulaye Kourouma, Yansané Bintou Touré et Boubacar Diallo ont soufflé sur la braise ce 15 juillet. Ils exercent ainsi un droit de réponse aux accusations portées à leur encontre par leurs collègues. Des accusations que les trois dépités contestent vigoureusement. Ils accusent le Chef de pile de l’opposition et les dépités de l’UDG de capitalisation. Dans une lettre qu’ils avaient déjà adressées au tout puissant patron du parlement, ils parlaient déjà de la volonté des autres membres de l’alliance patriotique de les utiliser pour se rapprocher de Damaro Camara : « S’il est vrai qu’il y a eu indiscipline, malveillance de notre part, comme ils le prétendent, elles ont été supportées avec une indulgence coupable pendant un temps assez long pour que cette tolérance devienne une complicité avérée du groupe lui-même. Au-delà des arguments fallacieux utilisés pour justifier la décision de radiation, on veut aussi s’attirer les faveurs du président de l’Assemblé nationale, en arguant que nous nous sommes joints aux frondeurs contre celui-ci ». Selon ces dépités, cette radiation est liée, non pas à une incompatibilité d’humeur ou une indiscipline, mais plutôt : « au fait que le chef de file de l’opposition et son oncle aient (Dembo Sylla, ndlr) une culture de suggestion et une conception patrimoniale du pouvoir. Nous ne nous soumettrons jamais aux élucubrations d’un chef de file de l’opposition versatile qui catalyse les angoisses de son échec politique et qui dévoile les intrigues de son pouvoir mal légitimé ».
Mais les problèmes dans ce groupe parlementaire dateraient, en réalité, de bien plus longtemps. Ils auraient commencé pendant l’élection du président de l’Assemblée nationale. Yansané Bintou Touré a décidé de se présenter à la présidence de l’institution. Sa décision est validée par le groupe parlementaire. A la surprise générale, le jour du vote, Mamadou Sylla lui demande de se retirer parce que, selon ce qu’elle a expliqué, Damaro aurait menacé de ne leur donner un poste si elle se présentait contre lui. Elle obtempère, se rabat sur un des postes de vice-président. Là également, Mamadou Sylla lui aurait dit que le Prési Alpha Grimpeur s’y oppose fermement : « A 15 minutes du vote, Mamadou Sylla me dit que le Président Alpha Condé a dit que si c’est madame Yansané qui se présente au poste de vice-président, il s’y opposerait. Mais en réalité, il m’avait déjà remplacé par Fodé Mohamed Soumah. Abdoulaye Kourouma était du bureau de l’Assemblée nationale. Nous sommes phagocytés par une famille » explique Yansané Bintou Touré.
Elle n’a pas non plus digéré le fait, selon elle, que des agissements soient venus de son propre groupe parlementaire pour la débarquer de la commission santé, sport, culture…
L’autre pomme de discorde, c’est les lieux de réunions du groupe parlementaire : « Les 11 membres sont dans son cabinet, ils tiennent les réunions du groupe chez lui. Ils ont décidé clandestinement de me débarquer », ajoute-t-elle.
Ils accusent également le chef de pile de l’opposition de vouloir gérer le groupe comme un bien familial : « Ils ont décidé de maintenir les autres membres. Quand j’ai parlé, Dembo Sylla (président du groupe parlementaire) a eu une réaction très négative ». Un brouhaha a suivi, les injures ont fusé : « Honorable Baadiko a insulté Abdoulaye Kourouma. Ces gens-là nous accusent d’indiscipline, mais ne connaissent même pas la définition de ce mot », s’interroge Yansané Bintou Touré.
La crise au sein de ce groupe parlementaire est loin de connaitre son épilogue. Ces trois dépités comptent sur le président de l’Assemblé nationale pour ne pas prendre en compte cette radiation. Dame Bintou Touré, elle, compte porter plainte contre Dembo Sylla pour injures
Yacine Diallo