Lors du dernier Conseil des ministres, le Président Alpha Condé a ordonné le ministre de la Santé de fermer les cliniques clandestines. Ce n’est pas la première fois qu’il demande la fermeture des cliniques clandestines. Malgré tout, l’annonce réjouit Dr Abdoulaye Kaba, Coordinateur de la Coalition nationale des professionnels de la santé. Il pense que c’est un message fort envoyé au ministère de notre Santé malade.

Pour le Coordinateur national des professionnels de santé, si l’administration sanitaire et les instances des différents Ordres (médecins, pharmaciens Ndlr) sont opérationnelles sur le terrain, on peut éviter ces genres de choses. «C’est un devoir sacré du ministère de la Santé. Ils ont toutes les possibilités de mettre de l’ordre dans le secteur. C’est un défi qui est lancé au ministre de la Santé. C’est le lieu de dire que quand on parle d’encadrement de la profession, c’est important. Il y a des médecins qui exercent dans les cliniques privées, alors que c’est formellement interdit par la loi. Si tu veux ouvrir ta clinique, tu fais une demande formelle au ministère de la Santé, sous la supervision de l’Inspection générale de la santé et des ordres socio-professionnels. Comme cela, c’est facile quand on te donne l’agrément tu peux t’implanter. Il y a des gens qui sont aujourd’hui dans des sphères très élevées de l’administration, ils ont des cliniques, alors que c’est contraire à la loi de la République. Les choses ne seront plus comme avant. C’est la vocation de la Coalition nationale des professionnels de la santé, c’est une tâche pilote que le Président de la République nous a confiée. C’est-à-dire, nous engager dans la moralisation du secteur médico-pharmaceutique. Donc, on ne va pas faire de cadeau non seulement aux administrés, mais aussi aux professionnels de la santé. C’est-à-dire des brebis galeuses qui sont en train de détruire l’image du système de Santé de la Guinée ».

Dr Kaba invite le ministère de la Santé à prendre des dispositions, pour dénicher ces cliniques, qui sont en réalité pour la plupart des mouroirs.  «C’est une décision salutaire de la part du Président de la République, parce qu’il a mesuré à sa juste valeur le dégât que ces cliniques clandestines sont en train de causer à la population guinéenne. Non seulement en termes d’arnaque, mais aussi en termes de déséquilibre de santé ».  Selon lui, il y a même des gens qui cherchent vaille que vaille à être considérés comme des professionnels de santé, alors qu’ils ne sont ni médecins ni infirmiers, encore moins sages-femmes, ils n’ont aucune qualification pour exercer dans une structure de soins.

Aux anges, Dr Kaba estime que le ministère de notre Santé malade doit se soumettre à la volonté du Président, pour que l’exercice de la profession médicale soit encadré et il a remué le couteau dans la plaie. «Il faudrait nécessairement que le ministère parvienne à mettre sur place, non seulement les instances, mais aussi ordonner ceux qui vont encadrer l’exercice de la profession, ensuite protéger les professionnels de la Santé. Si la profession est encadrée, je pense que c’est au bénéfice d’abord de la population. Tu peux voir dans les structures des malades qui viennent à des phases très compliquées ; le plus souvent, leur état est lié à l’effet de ces cliniques privées. Je suis témoin, parce que je suis un médecin qui travaille dans les hôpitaux. Je sais que la plupart des malades qui viennent dans les hôpitaux viennent à des phases critiques. Il y a des gens qui se permettent d’ériger leur chambrette comme clinique». Ce qui n’honore pas la profession.

Le président Alpha Condé demande la fermeture des cliniques clandestines alors qu’il y a un manque criard d’hôpitaux dans les quartiers de Conakry et les villes de l’intérieur du pays. Depuis dix ans de gouvernance, aucun CHU n’a été construit à travers le pays. Et près de 4 ans, le chantier de rénovation de l’hôpital Donka est en cours, alors que la durée des travaux était fixée à un an six mois. Pauvre Guinée !

Ibn Adama