Certains de nos compatriotes ont une fâcheuse tendance à banaliser tout ou à trouver une justification à tout pour des raisons politico-ethniques. Face à aux interrogations sinon aux inquiétudes suscitées par la présence à Gaoual de chasseurs traditionnels appelés «donzos» ou «donsos», il y en a qui disent qu’ils sont des Guinéens et qu’aucune  portion du territoire national ne leur est ou ne peut leur être interdite. Mais cette affirmation est une manière de détourner le débat. En effet, tout Guinéen est chez lui partout en Guinée. La question ne situe pas à ce niveau. Ce dont il est question, c’est le fait qu’ils ne sont pas des citoyens tout à fait comme les autres en raison du fait qu’ils appartiennent à une sorte de confrérie à laquelle il est permis de porter des armes de fabrication traditionnelle. Là n’est pas encore le problème puisqu’ils sont des chasseurs. Mais il est arrivé qu’ils entreprennent quelquefois des actes qui contreviennent aux lois de la République.

Il y a quelques années, un groupe de «donzos» avaient pris d’assaut les locaux de la Cour d’appel de Conakry, semant la terreur pendant plusieurs heures. Des magistrats avaient été obligés soit de s’enfermer dans leurs bureaux soit de prendre la fuite. Certains magistrats avaient même été contraints de sauter par les fenêtres pour échapper aux « envahisseurs  » en prenant le risque de se casser les pieds. Par la grâce de Dieu, il y avait eu plus de peur que de mal. L’un des magistrats qui avaient joué au parachutiste sans parachute n’avait cassé heureusement que sa paire de lunettes. Mais la scène était humiliante pour la justice.

Il y a quelques jours, la presse a évoqué des affrontements entre «donzos» et gendarmes. Des blessés auraient été enregistrés dans les rangs de ces derniers. Les questions que soulève cette présence remarquée sinon massive de ces chasseurs traditionnels à Gaoual sont donc à prendre très au sérieux.

C’est pourquoi, il est important de prier ces «donzos» de retourner là où ils étaient. Ils tiennent vraiment à rester à Gaoual, ils doivent être tous désarmés. Et cela relève de la responsabilité de l’État. En tout cas, ils ne sont pas dans cette localité pour des raisons pour chasser, en tout cas, pour chasser du «gibier animal».

Me Mohamed Traoré