Amadou Barry, alias M’Boma, auteur de la chanson « Ko touba & oundougal’’, a demandé pardon aux femmes notamment. Un mea-culpa fait via un direct sur sa page officielle Facebook, ce dimanche 15 août. L’artiste qui avait véhiculé des messages incitant au viol dans son tube s’était attiré les foudres des ONG de défense des droits des femmes. Après avoir essayé de se justifier et proféré des menaces contre ceux qui prétendraient qu’il est recherché par la justice, M’Boma a fini par se raviser et demander pardon à tout le peuple de Guinée, plus particulièrement aux femmes.

« Je demande pardon à toutes et à tous »

« Je salue toutes les femmes de ma Guinée. Je suis là aujourd’hui pour demander pardon à tout le peuple de Guinée. Je reconnais avoir fait une erreur en composant cette chanson, mais je vous assure que ce n’était pas intentionnel. Elle a été enregistrée lors d’un concert, partagée le même jour. Bien sûr que c’est moi qui ai chanté « Ko touba & oundougal’’, mais ce n’est pas parce qu’un autre a volé que je devrais aussi voler. Ce n’est pas parce que tel artiste auparavant a fait du mal que je devrais faire pareil », s’est-il ravisé. « Alors je prie tous mes fans d’oublier cette chanson, a-t-il plaidé. Moi M’Boma, je mets balle à terre. J’ai compris que j’ai fait une erreur en composant cette chanson. Je demande pardon à toutes et à tous. Et je demande à tous ceux qui m’aiment de se joindre à moi pour demander pardon aux femmes guinéennes. J’exhorte également tous les artistes guinéens de faire beaucoup attention dans la composition de leurs chansons, d’essayer de véhiculer des messages qui sensibilisent et non ceux qui incitent à la dépravation ».

« C’est à la barre qu’il doit s’excuser »

Une excuse qui a du mal à passer chez les activistes, signataires d’une déclaration pour réclamer des sanctions contre Amadou Barry alias M’Boma. La présidente de l’Association des professionnelles africaines de la communication (APAC) Guinée, Asmaou Barry, est l’une d’elles.  « Quand j’ai été alertée sur la sortie de la chanson et après l’avoir écouté, j’ai tout de suite saisi l’Office de protection du genre, de l’enfance et des mœurs (OPROGEM) et le tribunal pour enfant, à travers une dénonciation. Ces derniers se sont saisis du dossier en émettant une convocation visée par le Bureau guinéen du droit d’auteur (BGDA). Ils s’apprêtaient à lui transmettre cette convocation quand nous avons publié notre déclaration », précise Asmaou Barry. Et de renchérir : « En tant qu’activiste, notre rôle et notre responsabilité, c’est d’alerter les autorités compétentes. Il nous fallait aussi alerter l’opinion publique afin que les gens, notamment les mélomanes, comprennent que les messages véhiculés à travers cette chanson ne devraient pas nous divertir mais plutôt nous indigner ».

Quant aux excuses publiques de l’artiste, la présidente de l’APAC Guinée clarifie : « C’est une dette qu’il (M’Boma) a envers la société et non envers moi. A partir du moment où les autorités judiciaires sont saisies, il me semble qu’il lui appartient de répondre à l’appel de la justice. C’est là-bas qu’il doit s’excuser et non envers moi ou une autre personne. C’est à la société qu’il a une dette. Donc il doit la payer ».

En matière pénale, faut-il rappeler, les excuses constituent une circonstance atténuante, mais ne mettent pas fin aux poursuites judiciaires.

Kadiatou Diallo