Alpha Grimpeur aurait-il une dent contre la CENI, ce machin, organisateur de nos sélections et référendum ? Tout porte à le croire : le locataire de Sékhoutouréya fait payer à l’institution électorale sa dépendance vis-à-vis de lui. Comme d’ailleurs toutes les autres institutions du bled. Mais le cas de la CENI est criard. Depuis décembre 2020, la CENI tire le diable par la queue. Les commissaires sans grades rouspètent que leur institution devrait être la plus chérie de la Roue-publique d’Alpha. Sa situation financière actuelle fait regretter toutes les sélections euh…élections que la CENI a offertes au Prési Grimpeur sur un plateau d’or. Toutes les versions de la CENI (version feu Ben Sékou Sylla, le Général malien Siaka Toumani Sangaré, Loup-Ceni Camara, Bakary le Faux-fana, Me Amadou Salif Kébé et aujourd’hui Kabinet Cissé) lui ont, quasiment, tout donné, contre toutes les vérités des urnes (Présidentielle de 2010, légis-tardives de 2013, Présidentielle de 2015, communales de 2018 et légis-tardives, référen-drôle et pestilentielle de 2020).
Après les dernières élections financées par orgueil, c’est un secret de polichinelle que l’austérité voire la misère, est le quotidien de l’administration publique. Apparemment, aucune autre institution, excepté la CENI, n’est incapable à subvenir à ses besoins élémentaires : paiement des salaires des travailleurs, émoluments des commissaires et fonctionnement courant. Tant pis pour elle, elle n’a que ce qu’elle mérite. C’est le prix de la trahison du peuple de Guinée au profit des avantages que le locataire de Sékhoutouréya et ses acolytes ont fait miroiter à Kabinet Cissé et à ses collègues commissaires, pour l’obtention du troisième mandat. «Ça n’a pas crié jusque-là, parce que les salaires d’une partie du personnel d’appui de la CENI et des commissaires sont pris en charge par l’Etat à travers le ministère du Budget. Ils sont virés directement dans les comptes de ceux-ci. Et nous pouvons dire merci à notre feu président, Me Salif Kébé qui avait initié et réussi cela. Toutefois, il faut savoir que tout le personnel d’appui n’est pas dans ce lot. Les primes du personnel détaché auprès de la CENI (sécurité, ministère de l’Economie et des finances, médias d’Etat, etc.) ne sont pas payées à cause du gel par Alpha Condé du budget de fonctionnement de la CENI. Depuis janvier 2021, la CENI baigne dans la misère», confie, sous l’anonymat, un travailleur de la CENI. Même que Kabinet Cissé, le président de la CENI, a arpenté les couloirs du palais Sékhoutouréya, des ministères du Budget, de l’Economie et des Finances, pour «quémander l’aumône», pour son institution. Peine perdue !
C’est une CENI à l’état végétatif. Comme tous les Guinéens, elle paie ainsi sa part de la facture du troisième mandat illégal. Puisqu’il n’y a pas d’élections à l’horizon, la CENI va devoir prendre son mal en patience. Elle n’est plus l’institution chérie d’Alpha Grimpeur. L’Assemblée nationale COVID-19 de Damaron-ron, élue par la CENI au prix du sang de beaucoup de Guinéens est la vedette de toutes les institutions républicaines. Privée des primes de leurs dernières sessions ordinaires, les dépités avaient commencé à monter au créneau pour interpeller l’Etat. Leur prési Amadou Damaronron Camara n’avait pas hésité d’indexer Alpha Grimpeur comme l’unique responsable du blocage du paiement de leurs primes. Sachant que son goubernement devrait faire adopter sa Loi de finances rectificatives, le locataire de Sékhoutouréya a été obligé d’ordonner le paiement des primes des dépités, pour être sûr de leur présence à la session extraordinaire en cours. Si l’Assemblée nationale COVID-19 a des moyens de pression sur le Prési Grimpeur, la CENI de Kabinet Cissé n’en a absolument pas.
Dans un article publié récemment dans La Lance, il était rappelé que la CENI était entrée dans une trêve électorale et que c’était le meilleur moment d’établir un fichier propre et consensuel. Parce qu’elle avait le temps de prendre en compte toutes les préoccupations de tous les acteurs politiques. Il n’y a pas d’urgence de respect de calendrier électoral, pour précipiter les choses. Hélas ! Avec la traversée actuelle du désert, on peut comprendre que c’est le cadet des soucis d’Alpha Grimpeur. S’il a pu sevrer la CENI de son budget de fonctionnement, il ne faut pas rêver qu’il puisse financer une activité opérationnelle de cette institution. Dommage !
Abdoulaye S. Camara