En juillet dernier, le Président Alpha Condé a instruit le ministre de la Santé à procéder à l’identification et à la fermeture de toutes les cliniques qui ne répondent pas aux normes. La démarche vise à mettre fin à la prolifération des cliniques clandestines dans le pays.
Interrogé le 30 août, Dr Foromo Dopavogui, chef adjoint de la clinique «Ma santé SAMU », sise à Bambéto-magasin, commune de Ratoma, explique les circonstances de la création des cliniques privées : « En Guinée, la situation est compliquée. Dans toute la capitale, il n’y a que deux grands hôpitaux publics, il n’est pas facile de rallier ces hôpitaux avec la distance et des bouchons sur la route. Quand tu y arrives, souvent il y a du monde. Donc, les gens ont pensé à toutes ces difficultés pour créer des cliniques privées afin d’éviter le pire ». Selon lui, les cliniques privées sont confortables et accessibles : « Il serait mieux d’aller dans une clinique privée qui est confortable. Dans les banlieues comme la Cimenterie ou Kagbélen, si une personne se retrouve dans une situation d’urgence la nuit, son évacuation serait facile dans une clinique de proximité, car il n’y a pas de Centres de santé publics de proximité. Il n’est pas facile de quitter ces banlieues la nuit, pour Ignace Deen ou Donka ».
Pour lui, le gouvernement devrait communiquer pour alerter les responsables de ces cliniques privées, avant de passer à l’action. « Toute personne qui voudrait ouvrir une clinique devrait suivre des règles et procédures exigées par l’Etat, avant de commencer l’exercice. Légaliser ses copies, c’est ce qui devrait être recommandé ».
Pour stopper la prolifération, il pense qu’il faut réglementer la profession : « Il faudrait que l’Etat puisse décentraliser les Centres de santé publics vers les banlieues, avant de prendre une telle décision. C’est ce qui peut faciliter une intervention rapide. Mais s’il n’en existe pas, ce sont des circonstances qui poussent les gens à ouvrir ces cliniques privées, parfois non agréées. S’il y avait d’autres Centres de santé publics dans les banlieues, il serait facile d’évacuer les malades dans les hôpitaux. Mais dire brusquement fermer les cliniques, je pense que cela est difficile, parce que beaucoup des malades vont mourir. Si les gens violaient les exigences ou procédures pour ouvrir une clinique, il serait facile de les fermer. Généralement, les gens qui travaillent dans ces cliniques privées travaillent à Donka et à Ignace Deen ».
Parlant de la cherté du prix des produits pharmaceutiques, Dr Dopavogui affirme que l’Etat ne subventionne pas les produits : « Si l’Etat subventionne les médicaments dans les Centres médicaux communaux, le tarif serait officiel. Mais quand nous payons le transport pour s’en procurer de loin, cela sera pris en compte sur le prix des produits. Parce que, nous payons aussi des frais de loyer, d’électricité et des employés ». Il désapprouve l’avis des gens sur les nombreux cas de morts dans les cliniques privées non agréées : « Si un malade meurt dans une clinique qui est illégalement installée, qui n’a pas respecté les principes, il est victime. Mais si c’est dans les hôpitaux publics, il est censé mourir dans un hôpital. Les gens pensent que c’est seulement dans les hôpitaux publics que les choses sont prises au sérieux ».
Bailo Diallo