Au lendemain de son élection en 2010, dans les colonnes de l’hebdomadaire Jeune Afrique N°2628 du 22 au 28 mai 2011, Alpha Condé a fait la Une du magazine. Dans cette interview fleuve avec son «frère» François Soudan, il  fait des annonces sur l’avenir de sa gouvernance. Nous publions ci-dessous deux questions phares, qui en disent long sur la gouvernance Alpha.

« François Soudan : Vous avez promis de faire des audits de la gestion passée et de poursuivre ceux qui ont détourné des biens publics. Où en êtes-vous ?

Alpha Condé : Pas de chasse aux sorcières, mais une volonté forte de clarifier les choses. Les présumés coupables seront convoqués devant la justice, ils se défendront, et les juges apprécieront. Des audits ont été effectués avant notre arrivée au pouvoir, d’autres sont en cours. Pour le reste, nous avons décidé de récupérer tous les biens – terrains, villas, immeubles- appartenant à l’Etat et indûment accaparés par d’anciens ministres. Idem pour les commerçants qui ont osé spéculer sur les dons étrangers : ils devront rembourser ou faire face aux rigueurs de la loi.

François Soudan : Dans cinq ans, à quoi ressemblera la Guinée ?

Alpha Condé : A ce qu’elle aurait dû être si nous avions réussi notre indépendance. Une Guinée avec des chemins de fer, des routes, des barrages, des logements sociaux. Une Guinée avec un nouveau Guinéen pour qui la valeur porteuse ne sera plus la magouille mais le travail. Une Guinée fière, débarrassée des mensonges, des jalousies et de l’autodépréciation. Avec l’aide de Dieu, le renouvellement des générations et le retour progressif de la diaspora, nous y parviendrons. »

Presque dix ans après cette déclaration, il est loisible de faire une évaluation objective de cette profession de foi du professeur Alpha Condé. A l’heure du bilan des deux mandats du locataire de Sékhoutoureya, la Guinée est toute autre que celle qu’il ambitionnait de construire il y a dix ans. A qui la faute ? «Dis- moi qui tu hantes, je te dirais qui tu es » ! Nous sommes tentés de lui demander de bien vouloir nous montrer les chemins de fer, les routes, barrages et logements sociaux promis en 2010. Par les temps qui courent, notre belle Guinée est-elle vraiment fière avec un tissu social en lambeaux et une impossible réconciliation nationale des fils du pays. Bravo donc à l’opposant historique démocratiquement élu, incapable de consolider l’Etat de droit.

Cheick Tidiane