Accusé par le pouvoir d’Alpha Condé, le Coordinateur national adjoint de «Tournons La Page-Guinée » et Responsable de la mobilisation et des antennes du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), Oumar Sylla alias Foniké Mengué, a passé seize mois à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie à Kaloum. Le 28 janvier dernier, il avait été condamné par le tribunal correctionnel de Mafanco, à onze mois de prison ferme, pour participation délictueuse à un attroupement susceptible de troubler l’ordre public. Après le renversement du pouvoir d’Alpha Condé par le CNRD, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, patron de la junte a ordonné la libération de tous les détenus politiques, sans conditions. Plus d’un Guinéen a salué la décision.

Et à peine libéré, Foniké Mengué a salué et encouragé la bravoure de l’homme fort de Conakry, qui a mis fin à la dictature d’Alpha Condé. Invité ce jeudi 9 septembre, dans l’émission les «Grandes Gueules», Foniké Mengué dit qu’après avoir vu les images d’Alpha Grimpeur assis entre putschistes, s’est dit : « Dieu Seul est fort. Personne ne pouvait imaginer que cela pouvait se produire. Il faut toujours garder à l’esprit que notre combat, quelle que soit sa durée, un jour, on allait remporter la victoire. Mais on ne pensait pas que ça allait se passer de cette manière. Personne n’est invincible, l’être humain n’est pas immortel. A un moment, monsieur Alpha Condé avait pensé qu’il était immortel, invincible ».

Il révèle les tentatives de corruption qu’il aurait refusées : « Ils ont voulu négocier avec moi pour que j’accepte de travailler avec eux. Mais impossible, ils sont passés par beaucoup de mes frères, pour me faire des propositions. Certains sont allés jusqu’à dire : Fonikè, laisse nous reconstruire ta vie. D’autres m’ont même proposé une bourse pour aller en France avec ma famille, faire cinq ans d’études en politique et qu’à son retour, ils allaient me soutenir (…) Alors c’est quand ils ont compris que tout cela n’a pas marché, qu’ils ont décidé de me kidnapper à chaque fois. La première fois, c’était en 2019, à Gbessia, lorsque j’étais venu chercher des t-Shirts du FNDC. En ce moment, le FNDC venait de naître, on avait une force et là, on a fait du bruit sur les réseaux sociaux. Donc, ils m’ont libérer. Pour la deuxième fois, c’était à mon domicile. J’ai passé au moins une semaine à la DPJ, pendant le mois de ramadan passé. Là, un capitaine m’a confié qu’ils avaient payé un certain Malick Condé, pour qu’il mette des armes dans ma voiture afin de m’incriminer. Mais, il n’a pas accepté. Nous sommes allés au procès. Après 4 mois 10 jours, j’ai été libéré par le juge Charles Wright. Leur objectif était de me garder jusqu’après les élections (…) Mais le jeune Charles Wright a eu le courage de me libérer », souligne Foniké Mengué.

Après un mois dehors, «le 29 septembre 2020, jour d’une manifestation du FNDC, vers Gbessia, j’étais sur une moto pour voir si la manif a bien été suivie de ce côté, j’ai encore vu des gens, parce que pour m’arrêter, ils ont toujours eu deux groupes : le premier venait en civil et le second en tenue. Il m’arrêta avec une peur indescriptible, parce que la façon dont on m’a brutalisé ce jour, m’a vraiment effrayé. Il voulait même m’assassiner. Dans le pick-up, j’ai fait comprendre aux policiers que le combat que nous menons est pour nous tous. ‘’Nous nous battons pour que vous arrêtiez de quémander dans les quartiers, ce sont vos chefs qui bénéficient de tous les privilèges. Nous voulons donner de la force à cette jeune démocratie, acceptez donc de nous aider’’. Un d’eux m’a répondu : ‘’On le sait, mais si on ne suit pas les instructions, le peu de salaire même qu’on nous donne sera bloqué.’’ Directement, je leur ai dit que je sais que tout cela est orchestré par M. Alpha Condé. On m’a envoyé à la DPJ, puis au tribunal de Mafanco, où ils m’ont mis sous mandat de dépôt, et m’ont déféré à la Maison centrale », explique Foniké Mengué.

 Aujourd’hui libre, Foniké Mengué croit dur comme fer que c’est Alpha Condé qui a mandaté les juges pour orchestrer son arrestation et sa séquestration. Intransigeant, selon lui, même s’il devait mourir en prison, il est et restera opposé au 3è mandat du Président Condé. «Quand mes avocats sont venus voir le procureur du tribunal de première instance de Mafanco, il leur a carrément dit qu’on a ‘’arrêté le lion, et il est enfermé quelque part. Mais pour le moment il ne peut pas être libéré tant que les élections ne passent pas ‘’. Selon une source, quand il m’a condamné, quelqu’un lui a demandé : « Est-ce que tu sais qui tu as condamné ? parce qu’il paraitrait que M. Sangaré était un grand Sékoutouréiste. Et cette même personne lui a dit Foniké Mengué est un défenseur de l’ancien président Ahmed Sékou Touré. Il lui a répondu : ‘’Oui je sais ! Mais je ne fais que ce qu’on m’a dit » révèle Oumar Sylla.

Pourquoi cet acharnement contre la personne du responsable de la mobilisation du FNDC ? Foniké Mengué répond, plus croyant que jamais : «Tous les camarades étaient persécutés au sein du FNDC, pour preuve, Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno sont en exil. Saikou Yaya est aussi au Ghana et beaucoup d’autres ont été arrêtés. Cet acharnement, ce n’est pas seulement à mon endroit, il était contre nous tous. Peut-être j’ai eu la mal chance qu’il tombe sur moi, mais quand les Koundouno et Ibrahima Diallo ont été arrêtés, j’étais aussi activement recherché. Ensuite, Me Béa m’a prévenu de me mettre à l’abri. J’étais en prison, parce qu’Alpha Condé le voulait et c’était mon destin. Donc, c’était inévitable. Et quel que soit le temps que je ferai dans cette prison, même si je demandais pardon, je ne sortirai que le jour où Dieu aura prévu. »

Kadiatou Diallo