Le dimanche 5 septembre, tôt le matin, les Forces spéciales créées et mises sous le commandement du Lieutenant-colonel Mamady Doumbouya par Alpha Grimpeur, ont envahi Sékhoutouréya, humilié et chassé le locataire. Avec ce corps d’élite, le Grimpeur se croyait dans une forteresse imprenable d’où il aurait avec la tranquillité qui sied, piloté sa pseudo et bidon 4è République. Il n’en aura pas eu le loisir. Son mandat de premier Président de la 4è République a fait long feu. Par la faute de Laye-m’a-dit et ses gars. Les irrévérencieux !

Lorsqu’Alpha Grimpeur s’empare du pouvoir miraculeusement en 2010, il suscite un immense espoir. On croit que les attentes, nombreuses et légitimes des populations, vont rapidement être assouvies. L’homme est connu depuis des décennies de ses compatriotes. Ses postures socialo-communistes, ses discours d’activiste de gauche, son opposition aux régimes de Sékou Touré et de Lansana Conté, l’ont rapproché du peuple. Frustrés par les évènements de Diarra Traoré en juillet 1985, la Haute-Guinée en fait un quasi messie et l’adule soutient aveuglément. A partir de 1992, à la tête du RPG, il développe dans les meetings. Seuls les tripatouillages électoraux l’empêchent de mettre Lansana Conté en ballotage en 1993. Toutefois le destin le sert. Ses adversaires les plus coriaces, Sira de Novembre et  Bâ Banqueroute meurent respectivement en 2004 et en 2009 et ne participent pas à l’élection à laquelle ne se présentent que des challengers avec des chances égales. Plus roublard et retors que ses deux adversaires les plus redoutables, La Petite Cellule Dalein Diallo et le Sid de l’Ufr, coutumier des Palais présidentiels africains et ami de maints hommes politiques et d’affaires sulfureux, il impose son agenda et ses opinions lors du processus de 2010. Le délai constitutionnel de deux semaines entre les deux tours a atteint quatre mois et un nouveau découpage, contre toute attente, a été réalisé.

Sa campagne n’a été qu’un tissu de mensonges, de duperies. L’OIF qui a géré le service informatique de la CENI a fait le mixage adéquat pour générer « les bons scores » des différents candidats. Le Grimpeur qui a obtenu 18% au premier tour a pu ainsi battre au second tour La Petite Cellule Dalein Diallo qui a engrangé 43% au premier tour et auquel s’est pourtant rallié le Sid de l’Ufr. Chef de l’Etat, il continue d’égrener lors de ses sorties médiatiques de longs chapelets de promesses : constructions d’usines, d’hôpitaux et d’universités de référence, d’autoroutes parfois au-delà de nos frontières, de villes nouvelles. Il détricote codes et normes qui régulent la société et les entreprises. Il favorise l’accélération de l’exploitation minière en délivrant avec largesse des permis miniers à ses amis chinois et arabes du Golfe. Le laxisme ambiant encourage le népotisme, la corruption, le vol, la concussion, etc. Le nombre des sociétés minières explose, à Boké et Boffa dont les populations manifestent fréquemment leur colère.

Face aux réactions de défense des populations, l’Alphagouvernance devient de plus en plus acariâtre et despotique. Cette déchéance s’accélère et s’amplifie lorsque le peuple s’oppose à la volonté inébranlable du locataire de Sékhoutouréya d’organiser un referendum pour légitimer une nouvelle constitution lui permettant de briguer un 3è mandat. Il divise la société civile et émiette l’opposition, mais le peuple le moque.

Les crises sanitaire et économique exacerbées par des mesures inopportunes (augmentation du prix des produits pétroliers, prélèvement de 5% de cotisation du salaire des fonctionnaires) et les acrimonies au sein de la majorité présidentielle ont porté le coup de Jarnac à l’Alphagouvernance. Et tout s’est écroulé ce dimanche 5 septembre. C’est la fin d’une longue carrière politique. «Œuvres de tant de jours en un jour effacées» doit méditer le Grimpeur du fond de sa geôle dorée.

Abraham Kayoko Doré