La Guinée est restée plongée pendant longtemps dans des crises sociopolitiques récurrentes dont les conséquences néfastes l’empêchent d’amorcer le processus de développement tant souhaité par la population.
En effet, la récurrence des crises sociopolitiques que nous avons connues ces dernières années, a augmenté le risque-pays et a émis un mauvais signal à l’international. Cela a entraîné une forte hésitation des investisseurs à se tourner vers la Guinée pays aussi et surtout une délocalisation systématique des entreprises privées installées dans le pays (fermeture des unités de production, distribution et commercialisation). Une telle situation a contribué à la baisse substantielle de la production non minière et a anéanti les perspectives de croissance et de développement économique. Maintenant que nous commençons à être libérés de ce joug colonial orchestré par nos propres frères, il nous revient de droit d’agir de manière responsable et saisir cette opportunité qui vient de s’offrir à nous et faire ainsi avancer notre pays dans le vrai sens du développement.
Cela ne peut être possible que si nous prenons conscience de la nécessité absolue de notre retard et exigeons aux nouvelles autorités du pays la mise en place des institutions solides capables de répondre aux défis majeurs du pays. D’où la nécessité d’engager des réformes majeures notamment l’assainissement et la gestion des finances publiques (élément fondamental pour tout processus de développement). Il convient tout de même de rappeler que le Colonel Doumbouya (Président du CNRD, Comité national du rassemblement et du développement) a hérité d’une situation difficile : les institutions mises en place jusque-là sont faibles, elles sont précaires et incapables de mettre fin à la corruption systémique dans laquelle nous vivons ainsi qu’à satisfaire à la forte attente sociale.
Cela dit, l’on s’interroge sur le fait qu’après plus d’un demi-siècle d’indépendance et un potentiel de développement « incomparable » en termes de détention de ressources du sol et du sous-sol, la Guinée se retrouve sens dessus dessous avec une élite qui ne se soucie point du bien-être de la nation. A notre avis, pour conjurer ce sort, une véritable thérapie de choc s’impose viaun vrai plan de stimulation de l’économie nationale. Toute chose qui nécessite un véritable changement à la fois des mentalités mais aussi du fonctionnement des institutions du pays. De ce fait, la réforme doit reposer sur la « Refondation et la Révision Générale des Politiques Publiques » menées jusque-là. Cette réforme doit être fondée sur trois principes : le mérite, le résultat et l’exemplarité comportementale des détenteurs d’autorité dans l’ensemble des administrations publiques.
A travers une telle réforme, on aura ainsi mis fin à la politique économique menée dans ce pays depuis notre accession à l’indépendance par nos dirigeants qui se sont succédé à la tête de l’Etat, car elle a échoué en raison du fait qu’elle ne tienne pas compte de nos réalités avant d’être élaborée, elle tient plutôt compte de la volonté du FMI. C’est pourquoi, elle n’est pas parvenue à s’attaquer aux réels problèmes des Guinéens qui continuent de vivre dans une angoisse permanente nourrie par une pauvreté indescriptible, une misère sans nom et des crises sanitaires sans fin.
Enfin, toutes les filles et tous les fils de ce pays devaient mettre leur différend de côté et trouver les voies et moyens pour endiguer ce mal commun qui continue à détruire l’avenir de la jeunesse, espoir de demain. Nous devons enfin arrêter ce sport favori qui consiste à cultiver la haine, le mépris, la violence. Nous devons nous concentrer sur l’essentiel, car, nous avons hérité de nos anciens une Nation unie, un passé commun et un destin partagé. Notre devoir, c’est de léguer ce pays à nos héritiers en bon état.
J’ose espérer que les Guinéens se réveilleront maintenant de leur sommeil et prendront conscience des enjeux afin de construire une Guinée meilleure, car la cohésion entre les populations et le vivre ensemble dans l’harmonie et dans la paix sont restés longtemps menacés. Je milite pour un élan national de bonne volonté qui, au-delà de toutes les obédiences politiques partisanes, doit pouvoir sauver notre pays. Pour ce faire, une convergence de toutes les initiatives sont nécessaires afin de réussir le plus important : retrouver notre honneur, notre fierté et notre dignité, en tant que pays réunifié, en tant qu’Etat fort et harmonieux et en tant que Nation unie et solidaire.
Safayiou Diallo
Citoyen guinéen