Depuis la venue de la junte du Comité national pour le rassemblement et le développement, CNRD au pouvoir, elle n’a cessé de rappeler sa volonté de travailler avec tous les Guinéens, y compris ceux de l’étranger, afin de sortir la Guinée de l’impasse. Le mercredi 15 septembre, les présidents des associations des Guinéens de l’étranger et le CNRD ont eu un tête-à-tête à Cona-cris. A l’issue de cette rencontre, le porte-parole du Collectif de la Transition en Guinée, CTG, et vice prési de «SOS Racismes », Sorel Kéita, se dit satisfait de l’appel du CNRD aux Guinéens de l’étranger. «Je me réjouis de l’initiative, je pense que c’est très important qu’il y ait des échanges entre les autorités de notre pays et une part importante de la populations guinéennes. Des populations guinéennes sont en Guinée, mais elles sont aussi réparties, dispersées dans le monde entier. Cette autre part répartie dans le monde entier, constitue une force essentielle pour notre pays, parce que ce sont des hommes et des femmes qui peuvent lui apporter leur créativité » précise-t-il.

M. Keita trouve qu’il était plus que nécessaire qu’un chef de l’Etat veille travailler avec sa diaspora. « C’est très important, parce ça nous rassure aussi. Avant ; on n’avait l’impression d’être négligés. Je pense que c’était plus qu’essentiel que le chef d’Etat le dise. Il l’a martelé à plusieurs fois en disant que nous sommes incontournables. Je lui adresse plutôt un satisfécit ».

Selon M Kéita, l’ex Prési Alpha Grimpeur n’a jamais sollicité les Guinéens de la diaspora pour travailler en Guinée comme l’a fait Doumbouya Laye M’a dit. «Lorsque Alpha Condé a pris le pouvoir en 2010, Malick Condé m’avait proposé d’accompagner l’aventure, je lui ai dit qu’on verra. J’avoue que j’aurai pu accompagner l’aventure, sauf que Malick Condé est décédé la veille de l’investiture de son frère. Donc, j’étais plutôt hésitant, parce que je sentais que s’il n’y avait pas quelqu’un, pour faire tampon entre le caractère entier mais parfois un peu brutal d’Alpha Condé et moi, ça allait exploser. Donc, c’est pourquoi j’ai pris mes distances», rappelle Sorel Kéita, avant de rassurer que pendant les premières années, il faisait partie des personnes qui ont calmé le jeu par rapport aux réactions qui venaient çà et là sur les premières mesures, sur le tâtonnement et sur les premiers morts. «A chaque fois, je disais aux Guinéens mais aussi aux partenaires, de laisser du temps à Alpha». Et de reconnaître qu’à «un moment donné, Alpha Condé est allé trop loin. Donc, il fallait s’ériger contre cela en se levant, avec courage, fermeté et rigueur, pour défendre nos valeurs».

En menant ce combat au sein du CTG, Sorel Keita a cru dure comme fer que seule une transition était la solution pour sortir la Guinée des griffes du président Grimpeur. «Seule la transition était incontournable fasse à cette situation. Évidemment, j’aurais souhaité une transition menée par des civils, parce que le CTG est un mouvement civil et on voulait le porter. Malheureusement, avec les partenaires, il y a eu incompréhension. On était dans une dynamique réfléchie et on était persuadés qu’on arriverait à l’empêcher qu’il se présente pour un troisième mandat, et qu’on n’aurait pas eu ces élections-là (mars et octobre 2020 Ndlr) et qu’il serait même parti, notamment suite à la plainte qu’on avait lancée au parquet national financier, par aussi l’agitation qu’on a effectué un peu partout, pour montrer le visage de ce régime, pour monter les pratiques terribles de la mal gouvernance. J’en suis sûr que si les autres partenaires avec lesquels nous étions, avaient été dans le même engagement, on ne serait pas dans la même situation. Mais cette situation, je ne peux pas ne pas m’en réjouir. J’ai souhaité qu’il y ait une insurrection civile, encadrée par les militaires mais que ce soit les civils qui prennent le pouvoir. Mais cela aurait été difficile, à partir du moment où Alpha Condé et son clan avaient démantelé les Forces vives de cette nation, l’opposition a été bâillonnée, les acteurs sociaux n’avaient pas de marges de manœuvres. La chance que nous autres avons eu, c’est que nous étions hors du pays. Même si nous avions nos réseaux installés ici, et qui étaient prêts à se mouvoir, ç’aurait été compliqué pour nous, s’il n’y avait pas cette alliance des Forces vives de la nation. Donc, on ne peut que se réjouir de ce coup de force, mais qui était nécessaire».

Malgré la réjouissance des uns et des autres, certains préfèrent tout de même être prudent parce qu’il y a eu une junte qui est passée et qui ont fait les mêmes erreurs. M Keita dit que bien sûr, une junte était passée mais que cette junte n’était pas préparée. Le porte-voix du Collectif de la transition en Guinée exhorte Laye M’a dit à la vigilance, pour ne pas commettre les erreurs du passé.

Les erreurs que le CNRD doit éviter ?

Au-delà de l’impréparation, M Keita trouve qu’il y avait aussi la qualité des hommes, au sein de l’ex Chaud-NDD. Certains étaient uniquement venus avec la volonté de se remplir les poches. «Ils n’avaient pas la volonté de l’intérêt général, et sincèrement, je ne crois pas que c’était les vœux de Dadis au départ. C’est après qu’il a viré dans un délire incontrôlable. Le but du CNT pour faire cette transition, c’est de faire en sorte que le Guinéen le plus pauvre vive mieux (…) Le drame principal c’est qu’on ne fait pas ce qu’il a dit, je fais la transition et je vous laisse avec la démocratie. Malheureusement, il ne l’a pas fait. Je pense qu’avec les discours qu’a tenus le CNRD et les actes qu’il a posés, il y a des choses encourageantes, intéressantes mais aussi importantes».

Kadiatou Diallo