Concitoyennes, concitoyens, mes chers compatriotes,

Notre pays a été le théâtre d’un coup de force renversant l’ordre constitutionnel. Les heures suivantes, la population a accueilli avec joie cette nouvelle prise de pouvoir par une junte militaire. Le colonel Mamady Doumbouya, commandant du Groupement des Forces spéciales et président du désormais Comité National du Rassemblement et du Développement (CNRD), a justifié son acte en dénonçant une situation sociopolitique et économique désastreuse, créée et/ou entretenue par le régime Condé.

Une semaine après, le bien-fondé ou non du coup d’État ne devrait plus être le sujet de nos débats ni même les présumées bonnes intentions de la junte au pouvoir… A mon humble avis, les Guinéens devraient profiter de cette situation, aussi confuse soit elle, pour récupérer la parole et initier une grande consultation citoyenne afin d’identifier les axes primordiaux de réformes de l’État et des actions prioritaires en tout genre. Ce débat citoyen, à travers la synthèse des contributions qui en découleront, devrait permettre de bâtir des institutions tellement fortes que demain, le Satan en personne aura peur d’essayer de prendre ce peuple en otage comme cela a été le cas par le passé.

Dorénavant, le peuple de Guinée prendra les devants et créera un cadre constitutionnel qui ne pourra être remis en cause que par lui seul. Tel est le credo du nouveau contrat social guinéen. Parce que finalement, face aux dérives autoritaires et hégémoniques de pseudos hommes providentiels, le véritable contre-pouvoir, c’est le peuple !

Une consultation citoyenne inclusive, comment s’y prend-on ? Rassurez-vous, c’est la première question que je me suis posée. Ou même, qui suis-je pour lancer quelque chose d’aussi grand ? Ensuite, j’ai reformulé cette question: Qui ne suis-je pas pour le faire ? N’est-ce pas un problème guinéen ? Et ne suis-je pas un Guinéen ? Si je veux contribuer d’une manière ou d’une autre à faire évoluer les mentalités, aider mes compatriotes à s’exercer au jeu de la démocratie en vue de poser les bases de la Guinée qu’on laissera à nos enfants… Tant que ces contributions trouveront écho chez mes concitoyens, pourquoi je ne serai pas légitime à formuler une telle démarche ? Vous conviendrez avec moi que rien ne justifie le contraire. Si je n’ai pas le pouvoir d’influer sur la vie politique de mon pays, pourquoi appeler cela pouvoir du peuple ? D’ailleurs, n’est-ce pas le fait de mystifier la gestion de la chose publique et la fonction de commis de l’État qui a amené les dérives que nous connaissons ? Je suis convaincu que le terme « démocratie » ne prendra sens en Guinée que lorsqu’un anonyme, comme moi, pourra interpeller ses compatriotes, quelles que soient leurs fonctions pour ne serait-ce qu’avoir des explications. Ensuite, est venue la question de comment vais-je m’y prendre ? À ce sujet, je vais être franc avec vous, jusqu’au moment où j’écris ces lignes, je n’en ai qu’une brève idée.

Alors je suis parti de « ce que je peux faire » en plus de proposer un tel projet. Je me suis dit qu’un outil numérique permettrait aux Guinéens de l’étranger de participer à cette consultation. J’ai donc créé un dispositif: site-web et médias sociaux, dédié et ouvert à tous. Bien sûr, les Guinéens de l’intérieur pourront aussi participer à travers ce dispositif en ligne. Et, dans une autre mesure, je pourrai offrir mes compétences de Data scientist pour la phase de compilation, d’analyse et de synthèse des contributions.

Mais cette consultation nationale, si comme moi, vous la trouvez opportune, se doit d’être plus inclusive… J’en appelle donc à votre amour pour vos enfants, vos frères et sœurs, vous-mêmes, vos parents et tous les autres Guinéens, parce que c’est de tous ces gens auxquels vous tenez qu’il s’agit lorsqu’on parle de la Guinée. Je sais donc que vous trouverez les ressources nécessaires, chacun faisant ce qu’il peut, pour que nous réussissions ce rendez-vous avec l’histoire. Sur le https://www.debatcitoyen.org , le site web dont je parle plus haut, vous trouverez une première ébauche de comment cette consultation citoyenne pourrait s’articuler. Cet outil, je veux que tous les Guinéens le voient comme ma contribution, le début, la base de quelque chose qu’ils peuvent s’approprier, améliorer et poursuivre. Le plus important, c’est de commencer… Pas après pas, ensemble, nous permettrons peut-être, pour la première fois, sans ambitions partisanes, que des Guinéens s’accordent sur les sujets qui comptent pour eux et pour la destinée de ce beau pays.

Pour Libérer La Parole

Pour Éveiller Les Consciences

Pour Rendre Le Pouvoir Au Peuple

Pour La Guinée Que Je Laisserai À Mes Enfants

Naby Laye Moussa Camara

Business develepper & Data scientist