Après la rencontre des magistrats et avocats avec le CNRD, mardi 21 septembre, au Palais du peuple, les réactions se multiplient. Devant le lieutenant-colle Laye-M’a-dit Doumbouya, les robins sont passés aux aveux, admettant qu’ils étaient influencés par l’Exécutif. Ce qui les empêcherait de bien faire leur travail.

Invité ce mercredi 22 septembre, dans l’émission Mirador sur FIM FM, Dr Alpha Amadou Dramé, magistrat en service à Genève (Suisse), dit que le contexte guinéen se prête tout à fait à ce type de pratique. «Alors ce n’est pas maintenant qu’on n’a même pas défini les contours d’une transition qu’il faut commencer à poser ces problèmes. Je pense qu’ils doivent être posés une fois qu’on aurait défini les conditions cadres pour pouvoir assurer une transition inclusive».

La chute d’Alpha Grimpeur n’a pas surpris le magistrat. Selon lui, l’ex-président a déçu la Guinée : «Il faut reconnaître qu’à son arrivée, on a toujours vu et même pensé que les civiles allaient reprendre le pouvoir. Et que le processus démocratique allait s’instaurer au nom de la dignité, de la justice et de l’égalité. Malheureusement, le professeur Alpha Condé, s’est métamorphosé en tripatouillant la Constitution. Il a violé la loi. Il fallait s’attendre à ce que le droit s’applique mais également à ce que le peuple ou l’armée reprenne le pouvoir. Et l’armée qui a pris le pouvoir aujourd’hui, doit faire comme au Mali : en assurant une transition inclusive».

Quel sort réservé à Alpha Grimpeur ?

M. Dramé estime que le sort d’Alpha Grimpeur est le sort de celui qui a violé la loi. « Il a déçu le peuple, il doit être jugé en Guinée. Quand on viole la loi, on instaure un tribunal et la personne est jugée en fonction de cela. Et d’ailleurs, c’est ce qui permettrait de légitimer la prise du pouvoir de l’armée et qui permettrait également les conditions cadres d’une justice, d’une égalité pour mener la Guinée vers une transition rapide et inclusive”.

Quant à ses complices, à la justice guinéenne de les juger, renchérit le magistrat genevois. «C’est ce qu’attendent les Guinéens. Nous ne pouvons pas créer une nouvelle donne de la Guinée, nous ne pouvons pas faire partir la Guinée sur un espoir de développement si nous ne fixons pas nous même des conditions cadres d’une justice. C’est sur la justice qu’on peut bâtir une nation prospère. Alors ils doivent s’attendre à répondre devant les tribunaux qui vont instruire leur forfait».

Configuration du nouveau goubernement

Sur la configuration du futur goubernement d’union nationale de transition, le juge Dramé plaide pour qu’on intègre la société civile, les partis politiques et les militaires : «Dans le cadre d’une transition, il faut quand-même qu’il y ait une représentativité des différentes forces en présence. C’est ce qui permettrait de réaliser le projet de transition qui doit être un projet qui doit s’appuyer sur des chantiers. Un de ses chantiers principaux que doit travailler aujourd’hui le colonel Doumbouya, c’est la charte de transition qui va représenter le texte fondateur de cette transition et à partir duquel on pourra mettre des institutions en place. Et cela avec la participation de tous».

La transition n’a pas pour vocation de gérer de développer un pays, mais Dr Dramé estime que certains chantiers prioritaires doivent être traités durant la transition : la réécriture de la Constitution et la réforme des institutions ; la réfection du fichier électorale et la reconstitution de la CENI; la dépolitisation de l’administration et la réforme de la gouvernance; l’assainissement des finances publiques ; la réforme fiscale et la réflexion sur les conditions de l’attractivité économique et enfin la réconciliation nationale…

Kadiatou Diallo