Monsieur le Président du Conseil National du Rassemblement pour le Développement,
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Président du CNRD, vous avez permis à plusieurs millions de Guinéens de lancer ce cri du cœur : OUFF !
Après quinze ans et neuf mois, voire 63 ans de descente aux enfers sur tous les plans, politique, économique, sanitaire, etc., vous êtes en train de nous sortir de La Boîte de Pandore, DU PIRE.
Mon espoir, celui de millions de «Damnés de la terre» (Frantz Fanon) que sont devenus les Guinéennes et les Guinéens, je déclinerai cet espoir en quelques moments et faits saillants, dont j’ai été témoin et ou acteur. En disant «je», c’est en tant que représentant de la «cinquième» région de Guinée, les Guinéens de l’Extérieur.
«Cinquième région» oui ! Puisque nous sommes au bas mot 6 millions, Nous, le Conseil National des Guinéens de l’Extérieur (CNGE), créé à la suite d’une pétition signée par 500 Guinéens de l’Extérieur et de l’Intérieur: Manifeste Guinée, Odyssée 2010. Cette pétition préconisait la tenue des Assises nationales de la société civile guinéenne, en y incluant les Guinéens de l’Intérieur.
1- Paradoxalement, ces 6 millions de citoyens sont réduits à 122 000 sur le fichier électoral actuel. Cent vingt-deux mille! Il faut que cela cesse! Ma présence ici, ainsi que celle de nombreuses associations de Guinéens «de l’Extérieur», présagent de l’effectivité de vos engagements.
2- Cette Diaspora contribue à hauteur d’au moins 3 milliards d’euros par an au Produit National Brut (PNB)
3- Les Guinéens de l’Extérieur participent au changement social en Guinée, dès le tournant des années soixante, en reprenant le flambeau de Fodéba Keita et ses Ballets-Africains, continuant de faire de la Guinée, non seulement la perle de l’Afrique de l’ouest, mais aussi la lumière culturelle du Continent.
En effet, avec « Kaloum tam-tam », créé à Paris par 4 Guinéens et une Béninoise (Anne-Marie), Quatre garçons et une fille, qui ont nom Souleymane Koly, Ahmed Tidjani Cissé (paix à leur âme), Sampil Saliou et votre serviteur, revisitant les profondeurs de nos traditions, nous avons universalisé le genre théâtral du Kotèba banama-maninka, contribuant à la révolution culturelle et à l’explosion des nouvelles écritures théâtrales, en toisant de grands noms, tels Grotowsky, Peter Brook, The Leaving Theater, «El Campesino», le « Bread and puppet » etc.
En passant, je rends hommage à, Feu le Doyen, Professeur Anssoumane Doré, au Docteur ethnographe feu Julien Condé (frère aîné de Martine Condé), au Docteur feu Abdouramane Bah, à Ahmed Tidjani Cissé, ex ministre de la Culture, délaissé, abandonné, comme son ministère, que son ami, notre ami des «années FEANF», l’ex président Alpha Condé savait malade, condamné. Avec un ami commun à nous trois, le regretté Benté Diallio, nous avons «fêté» la Saint-Sylvestre du 31 décembre 2014, entourés de sa petite famille, au Mans. Ahmed Tidjani Cissé est mort 6 jours après. Hommage à Souleymane Koly, fondateur du célébrissime Ensemble Kotèba d’Abidjan, hommage à l’immense écrivain et chroniqueur du Lynx, Williams Sassine, Assan Abraham Keïta, Alhassane Diomandé tous membres fondateurs du Lynx, à Jean-Baptiste Kourouma, Docteur en droit, chroniqueur au journal L’Indépendant, (ces deux derniers morts suite à de douteux «accidents»), à Alexis Doré, etc.
Autant de patriotes, tous passés par pertes et profits dans la trappe de l’amnésie nationale creusée par une poignée de délinquants en bandes associées et assoiffés de gains faciles embaumés de sueur, et trop souvent du sang des gagne-petit.
Autant de personnalités et de patriotes ensevelis par les déceptions successives, liées au manque d’engagement de l’Etat dans l’appui, l’encadrement des actions privées et publiques, pour un véritable changement social, à l’horizon d’un développent autocentré, cap sur une intégration nationale et une émergence économique et culturelle.
5 – En 1985 (?), j’ai rédigé le discours des Guinéens de l’’Extérieur en vacances à Conakry, à la suite de quoi le Général Lansana Conté a ouvert le gouvernement à la Diaspora (Edouard Benjamin, Bana Sidibé et moi-même comme simple Directeur National de la Culture, renonçant ainsi à mon statut privilégié de coopérant). Je suppose que le texte manuscrit, ânonné à sa demande, par le Doyen Barry Bachir, était suffisamment convainquant, pour prétendre avoir contribué à cette ouverture à ces «anti-Guinéens» jusqu’alors, au risque de «nous mélanger» par la suie (Lansana Conté).
Hommage à feu Jean-Claude Diallo sans qui cette ouverture ne fût possible, qui, nourri d’une lucidité, et d’un patriotisme au-delà de tout ethnicisme, aura cette prophétique formule qu’il met tint un jour, lors de ce second et dernier exil:
«La Guinée se fera sans les Guinéens!»
Car, hélas, il dut démissionner, à cause de cette tare qui atteignit son «climax» par le régime que vous êtes en train de mettre en enclos, en espérant que vous mettrez aussi fin à cette «prophétie» de Cassandre.
4- A Abidjan, en tant que coopérant, j’ai contribué à la mise en place du CAFAC (Centre d’Animation et de Formation à l’Action Culturelle), au sein duquel nous avons formé cinq promotions de jeunes étudiants qui, aujourd’hui, sont à la tête de la plupart des industries culturelles : communication, marketing politique..
Parallèlement, toujours à Abidjan, j’ai créé la Compagnie du Phénix et, avec l’ensemble Kotèba de Souleymane Koly, nous avons montré une autre façon de faire du théâtre, dixit Adama Dahico (le Parlement du rire), en le tirant vers le haut…
5- «Dépossession» écrit et mis en scène par votre serviteur, a représenté toute la Diaspora noire de l’Europe, au FESTAC de Lagos en 1977. Cet événement a été l’occasion d’une réconciliation entre Guinéens venus de Guinée et «Anti-guinéens». Les autorités guinéennes avaient interdit à la nombreuse délégation d’artistes guinéens venus du pays, de rencontrer leurs frères venus des pays «impérialistes».
Ce fut aussi l’occasion du réchauffement des relations franco-nigérianes, gelées depuis la prise de position gaullienne en faveur de la sécession biafraise, lors d’une «garden-party» organisée par l’ambassade de France, où le puissant ministre de la défense était diplomatiquement «obligé» de se rendre. Cerise sur le gâteau, après avoir vu DEPOSSESSION, Mamadi Kéïta (ou Kaba), et les autorités guinéennes trouvèrent l’œuvre «anticolonialiste», et levèrent l’interdit entre Guinéens et anti-guinéens et m’invitèrent à rentrer en Guinée !
Je pourrais continuer, mais cela suffit pour dire que je ne me suis pas contenté de demander à la Guinée ce qu’elle peut faire pour moi, en essayant de faire près d’un siècle, ce que je viens de relater ci-haut.
Cependant, je me permets de donner deux petits conseils aux hautes autorités et au président du CNRD :
– la Diaspora est à l’image de la Guinée interne, il y prospèrent des racines qui pourrissent la cohésion nationale ; après tout, dans diaspora il y a… «diaspourris», des thuriféraires de toutes les dictatures qui se sont succédé depuis 63 ans, patriotes de la 25ème heure.
– gardez vaille que vaille le cap, malgré les menaces de lampistes «panafricanistes», porte-voix de ces princes qui persistent à vouloir nous gouverner du dehors, sinon,
C’est Le Peuple qui se lèvera, debout comme un seul homme, aux cris de, Tuez-nous tous, mais on est beaucoup dèèèh !!!
Surtout que vous avez eu la science infuse de dégager les « Postes avancés » (P.A)
Was-Salam,
Saïdou Nour Bokoum, depuis ma petite Kaaba imaginaire à Dinguiraye, à deux pas de la sainte Mosquée d’El Hajj Omar Tall, en attente d’être inscrite au Patrimoine de l’UNESCO, voire de l’Humanité.
NB : – le moment venu, je fournirai toutes les preuves et ou témoignages scripturaires, audios et audiovisuels.