Une semaine après s’être emparés de Sékhoutouréya et fait prisonnier son locataire, le colonel Doum-bouillant et ses gars ont invité les Guinéennes et les Guinéens à un brin de causette, au Palais du Peuple, à partir du 14 septembre. Et ça été la ruée, le Chiavari. Du rififi, il y en a même eu aux portes du Palais entre syndigâleux qui n’ont plus d’atomes crochus et qui se regardent en chiens de faïence depuis belle lurette. Pour aisément gouverner, l’alphagouvernance avait émietté les contre-pouvoirs effectifs et crédibles. Dont nombre sont devenus inaudibles et avachis.

L’union et la solidarité corporatistes se sont effilochées et ont foutu le camp depuis des lustres. Ces propriétés des instruments de conquêtes politiques et sociales ne sont visibles nulle part. C’est donc pêle-mêle et en tirant à hue et à dia que les interlocuteurs de Doum-bouillant ont ergoté avec lui. Ce méli-mélo n’a pas échappé au nouveau mansa qui a suggéré aux politiciens et aux politicards de retourner lui concocter un papelard commun pour le prochain round. C’est au niveau de la Société  civile que le bazar est hallucinant. C’est quoi d’abord la Société civile ? Une nébuleuse, comme le pensent certains ? Ou une entité aux contours bien définis et au contenu suffisamment élaboré et concis, à en croire d’autres. Le hic, c’est qu’une masse critique d’activistes de la société n’en  savent même pas les organisations constitutives. La société civile fédère des Plates-formes d’ONG, des Centrales syndicales et des Organisations socio-professionnelles (chambres, divers Ordres, etc.). L’intérêt de cette didactique est de permettre aux nouvelles autorités de déjouer les tentatives de duplication des représentions de certaines organisations de la société civile, lors d’éventuelles futures concertations, réduisant ainsi le nombre des interlocuteurs, gage d’un débat serein, consistant, profond et fécond. Un débat qui contribuera à polir avec la concision d’un orfèvre, les contours de la transition, à préciser ses organes et à bâtir une constitution accommodante pour le peuple de Guinée et non pour un quidam capable de nous asservir par la ruse.

Cette propension de beaucoup de femmes et d’hommes à s’inviter pour des mesquineries pécuniaires, des peccadilles,  dans des débats à enjeux nationaux, n’est pas propre à la société civile. Visitez le landerneau politique et revenez nous faire part de vos impressions et sentiments. Vous aurez du dégoût et de la nausée. Un petit pays comme le nôtre, moins peuplé que nombre de mégapoles d’Asie, d’Amérique et d’Europe, a plus de 140 formations politiques. Si le ridicule tuait, les Guinéens en mourraient tous. La quasi-totalité des Africains aussi d’ailleurs. On compte partout, en Afrique, même dans les micros Etats, une myriade de partis politiques. Nul ne peut dire qu’il ignore les partis qui comptent dans le paysage politique actuel de notre bled. Si vous en comptez plus de 10, Toto pourrait vous céder sa place dans le peloton de queue de la classe.

Dans un tel environnement sociopolitique rongé par la boulimie d’égos et de mots, il est bien compliqué d’organiser et de conduire des concertations visant à écarter les embûches qui jalonnent le périlleux et tortueux chemin qui mène de la transition à l’ordre constitutionnel. Les nouvelles autorités doivent se faire violence et cadrer le principe d’inclusivité.

Abraham Kayoko Doré