Le maire de Matoto traverse actuellement une zone de turbulence. Des conseillers communaux demandent la démission pure et simple de Mamadouba Tos Camara et de l’exécutif communal. Ils lui en veulent à cause de «la gestion opaque» qui entoure la plus grande commune du pays.

La semaine passée, une trentaine de conseillers se seraient retrouvés pour définir la marche à suivre. Ils ont demandé à Tos d’organiser une session extraordinaire, mais les deux parties n’ont pas réussi à rapprocher leurs positions et se sont quittées en chien de faïence. L’actuel maire, lui, accuse les frondeurs de vouloir lui faire la peau à cause d’une histoire de redistribution de sous. Le clan du maire accuse également des partis de l’opposition, notamment l’UFDG, d’être derrière la fronde. Faux, rétorque un conseiller communal proche du principal parti de l’opposition guinéenne que nous avons joint au téléphone : « C’est vrai qu’il y a des problèmes à la mairie, mais aucun parti politique ne tire les ficelles. C’est une crise interne qui sera réglée par l’ensemble des conseillers. Nous avons déjà tenu une réunion, nous nous retrouverons aujourd’hui dans l’après-midi pour finaliser le processus. Une déclaration pourrait tomber demain mardi. Mais il faut qu’on arrête d’accuser Paul ou Pierre, il (Tos Nldr) n’a qu’à questionner sa gestion cavalière. Les conseillers ne sont pas à la mairie pour servir des partis politiques, mais la République ».

Le conseiller qui a requis l’anonymat rappelle la manière par laquelle Mamadouba Tos Camara est arrivé à la tête de cette commune : « Monsieur le maire ne doit pas perdre cette occasion de se taire pour de bon. A-t-il oublié qu’il a été parachuté à la mairie de Matoto ? Les conseillers qu’il accuse d’être derrière cette fronde étaient de l’ancien parti au pouvoir, le RPG arc-en-ciel, il était parmi ses proches. Il doit laisser les choses se dérouler normalement. En ce qui nous concerne, nous irons jusqu’au bout ».

Lors de l’élection de l’exécutif communal de Matoto, Mamadouba Tos Camara perd d’une voix contre Kalémodou Yansané, candidat de l’UFDG, mais le RPG refuse de reconnaitre sa défaite. Le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation d’alors, général Bouréma Condé, a invalidé les résultats et organisé un second scrutin, à l’issue duquel Tos est déclaré vainqueur.

Comme par magie, le maire UFDG de la commune de Ratoma, Issa Soumah, est lui aussi dans de sales draps. Une vingtaine de conseillers l’accuse lui-aussi de «gestion opaque». Ils lui demandent des comptes notamment sur la vente de parcelles dans certains quartiers de la commune.

Yacine Diallo