Le 19 octobre, le comité de crise du Rpg arc-en-ciel avait introduit une requête auprès du CNRD, Comité national du rassemblement pour le développement, pour rencontrer le Prési Alpha Grimpeur, déposé le 5 septembre. Depuis, vains sont les multiples appels formulés par le parti et ses alliés pour la libération de leur « champion ». Du moins pour le moment, d’où le souci grimpant des responsables, militants et sympathisants du parti. En conférence de stress ce 3 novembre à son siège de Gbessia (Cona-cris), les dignitaires du régime déchu étaient nombreux dans la salle. Ex-dépités, ministres, secrétaires gênants, administrateurs publics, excusez du peu, ont réitéré leur demande de libération du Prési Alpha Grimpeur. C’est quasiment un mini-gouvernement : Amadou Damaron-ron Camara, Sanoussy Bantama Show, Albert Damantang-tang Camara, Claude le Cauris Kondiano, Domani Doré, Ahmed Tidiane Traoré, Kirdi-Kirdi Bangoura, Ismaël Dioubattu, Jean-Marc iTel-liano, Ibrahima Kourouma Casse-casse, Bah Oussou-Kouthioun, Lansana Ko-marrant, Otis Kéïra, Papa le Coli Kourouma, Saloum le Cissé, Alhousseiny Makanéra Caquet, Patrice Miniimono, Djénab Cas-marrant, d’autres et d’autres… Tous chapeautés par la coordinatrice du Rpg arc-en-ciel, Hadja Nanteint trop clair Chérif. Les aigris n’ont pas manqué de noter deux absences de taille : Mohamed le Diané, ex-ministre de la Dépense et chargé des Affres pestilentielles, Ibrahima le Cas-Sorry Fofana, ex Premier ministre. Pourtant, ils étaient présents à la dernière réunion du Rpg-arc-en-ciel au même siège, à l’issue de laquelle, le CNRD leur a demandé des explications. Mais bon, passons !

La philosophie du RPG ?

Amadou Damaron-ron Camara, membre du bureau politique du Rpg arc-en-ciel, a porté la voix du parti. Selon lui, depuis le putsch du 5 septembre, nombreuses activités allant dans le sens de la libération de leur «champion» ont été menées. Que leur philosophie demeure dans la conservation de la paix. «La preuve : le parti et ses alliés n’ont pas organisé des protestations, marches, défilés ou meetings. Beaucoup de choses ont été faites. Nous ne voulons pas la violence en Guinée, c’est notre philosophie. Nous avons nos passeports bloqués, ainsi que nos comptes bancaires, mais nous sommes restés sereins. Notre seul objectif est la libération du Pr Alpha Condé. Au CNRD, vu l’âge du Président et que n’importe qui à cet âge est fragile, nous leur demandons humblement de le libérer. Nous le souhaitons vivement » a dit l’ex-prési de l’Assemblée nationale.

Piques à La Petite Cellule Dalein Diallo de l’UFDG

Le Rpg arc-en-ciel émet des doutes autour de la prise du pouvoir par la force. Amadou Damaron-ron Camara se demande si c’est le FNDC (Front national pour la défense de la Constitution) qui a fait le coup d’Etat ou le CNRD ou encore si c’est ce dernier qui l’a fait pour le FNDC. « Je crois qu’un certain nombre de réponses a été apporté par un membre de la classe politique. Et nous considérons que le CNRD, d’après la Charte, doit être neutre, être un arbitre qui doit mettre en place les organes de la Transitons et organiser des élections dans une position de neutralité absolue », plaide le Damaron-ron Camara. Et de temporiser : le Rpg arc-en-ciel est prêt à participer au processus de transition et à tous les organes du processus, afin que le parti « ait les moyens, la chance » de reconquérir le pouvoir. Il n’oublie pas que la Charte de la Transition stipule que les anciens dignitaires du régime ne feront pas partie des organes de la Transition, selon le CNRD.

Amadou Damaron-on Camara considère les safaris de La Petite Cellule Diallo comme un manège de barrer la route au RPG et à ses alliés. «Les démarches consistent à trouver des formes juridiques pour exclure le RPG et ses alliés. Mais, on est trop gros pour être mis de côté », estime-t-il, avant d’attirer l’attention de ses militants : « Des charognards s’acharnent déjà sur l’héritage du Pr Alpha Condé en constituant des groupes de candidature, pour la prochaine élection présidentielle. Au RPG, le phénomène n’est pas d’actualité. L’actualité, c’est la libération du Président et la remobilisation des troupes dans le parti ».

L’avis des alliés

Bah Oussou-Kouthioun, prési de l’Upr (Union pour le progrès et le renouveau), a porté la voix des alliés. Parlant du Prési Alpha Grimpeur, privé de liberté, il affirme avoir l’expérience de la gestion de telle affaire. Peut-être qu’il souhaiterait rééditer cela, mais avec patience. « Nous avons géré des situations comme celle que nous vivons aujourd’hui. En février et mars 1998, nous avons obtenu la libération d’un haut responsable du l’UNR qui était à l’opposition à l’époque. A l’issue des élections de 1998, le Pr Alpha Condé a été arrêté. C’était encore une épreuve, mais les partis alliés que nous étions, avions mené les démarches pour sa libération. Aujourd’hui, il est encore privé de sa liberté. Nous sommes alliés, certains au Pr Alpha Condé, d’autres au RPG. Mais l’un dans l’autre, nous resterons coude-à-coude derrière le parti, au lieu de se sauver en n’assumant pas ses responsabilités. Il me semble qu’un parti politique devrait avoir des choix et des orientations bien clairs », ajoute-t-il.

Le Coli Kourouma, l’autre allié, a déclaré qu’ils sont engagés aujourd’hui plus qu’hier, «le moral est au beau fixe, même si quelque part nous sommes affligés. Nous sommes déterminés à relever ce qui est désormais un défi pour nous : reconquérir ce qu’on a perdu, dans les urnes». Il invite à ne pas prendre la violence pour instrument de revendication. La fuite nous édifiera.

Yaya Doumbouya