Le CNRD (encore en pointillé !) a enfin constitué le premier gouvernement de la transition. L’accouchement n’a pas été aisé. Loin s’en faut ! On s’est plutôt servi du forceps et du bistouri tant les espiègleries du nouveau-né ont été tapageuses. Qu’importe ! Tout est bien qui finit bien. Le nouveau gouvernement est bel et bien là. Comme le beaujolais nouveau. Le vin est tiré, il faut le boire.
Ce gouvernement assouvit-il les attentes des Guinéennes et des Guinéens, populo et grosses huiles confondues ? Par bien des aspects, sans doute. Voyons, voyons ! Comme un effet de l’appel à la mode, la participation des jeunes et des femmes au développement socio-économique est récurrent depuis des décennies dans la rhétorique politique. Le rajeunissement et la féminisation de l’équipe gouvernementale en préservant son efficacité sont devenus d’importants enjeux, en particulier, dans les pays en développement. Les mouvements de jeunes et de femmes sont très sensibles à ces enjeux qui, par ailleurs, sont de sérieux argumentaires de mobilisation de ressources auprès des partenaires techniques et financiers (PTF).
Gageons que le colonel, le CNRD et les civils qui jouent aux éminences grises auprès d’eux n’ont pas tout bonnement évacué de la grille d’évaluation des postulants aux fonctions ministérielles, ces exigences. Auscultons. Si les nounous n’ont pas été lésées, elles n’ont pas non plus, de façon massive, critiqué, envahi les cabinets ministériels. On en compte un petit nombre de 7, dont certaines sont néanmoins à des postes régaliens ou stratégiques. Telles Yarie Soumah à la Justice, Paula Pricemou à la Communication, Aminata Kaba aux PTT. Lorgnez du côté du Rwanda, comparez et en dites-nous un mot pour nous édifier. Mais comme la dynamique est itérative, on finira par excellemment faire. «Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer ». Il appartient aux nounous récipiendaires de balayer du revers de la main les préjugés socio-culturels qui datent d’Adam et Eve, au jardin d’Eden. Le gender-power a le vent en poupe !
Qui des jeunes ? Le rajeunissement de la société politique, civile, voire militaire est aussi une forte demande de plus de la moitié de la population du bled. Depuis des décades, les jeunes sont vent debout en faveur de leur épanouissement. La demande a été satisfaite dans une bonne proportion. Si on admet que les quadragénaires peuvent encore être des jeunots, les jeunes représentent une masse critique dans l’actuelle équipe gouvernementale. De Mory Condé à Bernard Goumou en passant par Rose Paula Pricemou, les jeunes sont bien là pour donner le change aux « vieux » et leur prouver leurs capacités à tenir le challenge de la relève politique. On les appréciera à la tâche. «C’est au pied du mur, qu’on voit le maçon», mais ne dit-on pas aussi qu’«aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre d’années ?»
On subodore que Toto ne peut faire partie des heureux promus qui figurent, à n’en pas douter, parmi les meilleurs de leur génération. Plusieurs critères ont dû être croisés en vue d’identifier au sein des jeunes ceux qui ont la tête et l’étoffe de l’emploi. L’expérience, la compétence, le leadership, et…la probité morale ont été, aussi, sans aucun doute pris en considération. Le rajeunissement ne peut apporter de la valeur ajoutée que si les jeunes sont talentueux, honnêtes et pétris d’amour du pays. Vivement le gouvernement Béat rajeuni et féminisé.
Abraham Kayoko Doré