Absent du pays depuis plusieurs années, Lansana Kouyaté, le président du PEDN, Parti de l’espoir pour le développement national, s’est prononcé sur la transition guinéenne. Le 14 décembre, dans l’émission « Mirador » sur FIM FM, l’ancien Premier ministre a estimé qu’il est trop tôt de se prononcer sur les démarches des nouvelles autorités du pays. «C’est une marque particulière de cette prise de pouvoir. Apparemment, il n’y a pas eu trop de violences, d’humiliation. Certains vont jusqu’à dire qu’il y a un peu de laxisme vis-à-vis de l’ancien régime. Mais honnêtement, je crois que cela manquait aussi à la Guinée, que l’on traite dignement les gens et que la justice fasse son travail. Cette intention du CNRD doit être comprise comme un renouveau dans le renversement de la situation en Guinée», explique le leader politique.
Pour lui, la question de la durée de la transition que les autorités de la transition laissent au futur Conseil national de la transition demeure le gros du problème. «Il faut se presser lentement, sachant que le temps passe, il faut faire le travail. Débusquer les personnes indûment enregistrées à la Fonction publique est un travail de longue haleine. En âme et conscience, une Charte ne remplace pas une constitution. C’est deux choses totalement différentes. La Charte reste la charte, parce qu’elle a été élaborée pour une période exceptionnelle, raison pour laquelle on l’a appelée charte. Mais quand c’est une période exceptionnelle, est ce qu’on a réellement besoin de CNT ? Il ne faut pas comparer cela au CNT de 2008-2009. Ce sont les partis politiques qui ont exigé un CNT, parce que l’armée avait suspendu la Constitution et toutes les institutions de la République. Donc, on s’est dit que nous allons à des élections et le Président qui sera élu prêtera serment sur quoi ? Donc, il fallait mettre en place une forme de substitution à l’Assemblée nationale, un Conseil National de Transition et c’est ce qui a été fait. Mais la caractéristique des périodes charnières devrait être la caractéristique de légiférer par ordonnances», déclare Lansana Kouyaté.
Selon lui, la mise en place d’un CNT dans le cadre de cette transition n’a pas lieu d’être : «Honnêtement, j’appréhendais ce retard. Je crois qu’il y a très peu de structures qui sont venues avec un résultat reflétant la position de la structure sur la composition du CNT. Et même là où cela s’est passé tel que dans la classe politique, il y a encore des revendications. Le président du CNRD a commencé d’abord par recevoir les corps les uns après les autres, parce qu’il faut prendre la température. Je crois que c’est ce qui explique le retard et c’est dommage parce que cela va faire perdre assez de temps pour ce que la transition doit être, c’est-à-dire dans la durée».
Délai de la transition
Près de 100 jours à la tête de la Guinée, le CNRD ne fixe pas la durée de la transition. Lansana Kouyaté estime qu’il faut tout d’abord voir le contenu de la transition, prendre la mesure de ses décisions et de ses ambitions. «Des partis politiques se sont retrouvés pour proposer douze mois, quinze mois, dix-huit mois. Il y en a qui ont proposé jusqu’à deux ans, mais on est revenu à une position commune de quinze mois. Pour moi, la transition n’est pas là pour s’éterniser. Il faut du recul pour éviter de tomber dans d’autres problèmes». Et d’ajouter : « Personne ne vous dira que c’est réaliste de penser que dans 6 mois, on peut abattre un tel travail. Mais il faut bien comprendre la position diplomatique des organisations régionales, sous régionales et internationales, les moyens de pressions sont multiples. Seule la CEDEAO, (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), pourra vous le confirmer ou non. Une transition ne peut pas être crédible en six mois, en toute sincérité».
Quel sort pour Alpha Condé ?
Lors de la conférence des chefs d’Etats, la CEDEAO s’est félicitée du déplacement d’Alpha Condé du Palais Mohamed 5 à son domicile conjugal à Landréah. Le président du PEDN, déclare : «La justice doit éclairer non pas seulement la période précédente, mais toutes les périodes. Je n’ai rien contre sa personne, mais il s’agit d’un système. Les Guinéens veulent bâtir un système où tout le monde se sentirait concerné. La lutte contre la corruption, la lutte contre la gabegie et la lutte pour les droits humains doivent être mises en avant parce qu’il s’agit d’éduquer au-delà même des gouvernants. L’essentiel, c’est éduquer le peuple de Guinée à s’adapter au temps nouveau et que la justice dise le droit».
Kadiatou Diallo