Le nouveau Procureur Général près la Cour d’appel de Conakry, Alphonse Charles Wright, n’est certainement pas le meilleur magistrat ni au sein de sa promotion ni au sein de sa corporation de façon générale. Mais il a osé, à un moment où la justice était devenue un véritable instrument au service d’un régime, prendre des décisions courageuses qui l’ont démarqué de bon nombre de ses collègues qui, au lieu de rendre des décisions, rendaient plutôt des services. C’est ce qu’on attend d’un juge et c’est ce qui lui vaut aujourd’hui l’admiration et la reconnaissance de nombreux compatriotes. C’est dire que dans la magistrature, la compétence ne suffit pas. Il faut en plus du courage. On peut être un excellent juriste tout en étant un piètre magistrat.
La fonction qu’il occupe aujourd’hui, certains ont cherché à l’obtenir en faisant du zèle, en piétinant toutes les règles de droit, en étant des béni oui-oui ; lui, il l’a obtenue en restant au service de la loi et en faisant ce que lui dictait sa conscience de magistrat.
Un bon magistrat doit allier compétence, probité et courage, sinon il devient un simple technicien du droit.
Bonne chance à tous les jeunes magistrats qui viennent d’être promus à certaines fonctions. Le défi est immense mais avec de la volonté, il n’est pas impossible de le relever.
Il ne faut surtout pas oublier que les régimes passent mais la magistrature demeure. Comme quoi, être au service de la loi et de la justice doit être la préoccupation primordiale du magistrat.
Me Mohamed Traoré, ancien Bâtonnier