Face à la junte militaire au pouvoir, la classe politique guinéenne s’organise. Elle a mis en place le Collectif des partis politiques la semaine dernière. La structure réunit la quasi-totalité des coalitions politiques que comptent actuellement le pays. Ses membres se sont rencontrés de nouveau ce 10 janvier, au siège du PADES de Ousmane Kaba, à Nongo.

Le CNRD au pouvoir depuis le 5 septembre reste muet sur la mise en place du Conseil national de la transition et le calendrier électoral devant aboutir au retour à l’ordre constitutionnel. Les acteurs de la classe politique, quelque peu mis à l’écart par la junte quant à la gestion de la transition, tentent de conjuguer le même verbe. Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, Aliou Bah, Etienne Soropogui, Ibrahima Sory et bien d’autres leaders membres de l’ANAD, de la COPED, de la CORED, de COPAM, du FNDC-politique, de la CPR… ont eu un tête-à-tête sous la bannière du Collectif des partis politiques (CPP). Le docteur Ousmane Kaba, président de la CORED, a dirigé la séance.

Les débats auraient porté sur des thèmes comme la nouvelle Constitution, le Code électoral, le fichier électoral, l’organe de gestion des élections, mais aussi le chronogramme et la durée de la transition. L’assemblée générale de ce lundi a approuvé ces thèmes, elle a également entériné la mise en place de 14 commissions pour plancher sur lesdits thèmes. Docteur Ousmane Kaba se frotte les mains : «J’ai le sentiment que notre classe politique devient de plus en mûre. Nous avons la possibilité de nous asseoir ensemble, malgré les divergences. Nous ne serons pas d’accord sur tous les sujets, mais se mettre ensemble, discuter est une excellente chose ». Selon lui, le CPP n’a qu’un seul objectif : discuter, se mettre ensemble et faire « des suggestions dans un esprit de coopération et d’intelligence avec le CNRD, pour que la Guinée puisse sortir indemne de cette transition. Cela nécessite la cohésion, le dialogue et le sens de responsabilité de tous les acteurs politiques. Nous ne voulons pas finir cette transition comme nous avons fini celle de 2010 ».

Pour Sidya Touré, la classe politique veut déposer un «document le plus consensuel possible au CNRD pour évoquer ces questions essentielles sur la constitution, le fichier électoral, le code électoral, la durée de la transition. C’est ce débat que nous avons aujourd’hui.»

Sauf qu’il se murmure qu’il existe plusieurs points de divergence. Toutes les coalitions ont certes approuvé la création des 14 commissions, mais la manière de désigner ses membres divise. Il serait prévu que chaque commission ait cinq membres au maximum. Ce que d’aucuns ne veulent pas en entendre parler. Des commissions veulent que toutes les coalitions s’y retrouvent. Le problème du porte-parolat du CPP se poserait aussi. La CORED de Mamadou Sylla tiendrait toujours à le rafler. Les principaux leaders du collectif prévoient de se rencontrer chez Sidya Touré dans les prochains jours pour aplanir les divergences.

Des sanctions contre le Mali

En marge de la réunion du CPP, des acteurs politiques guinéens se sont prononcés sur les lourdes sanctions prises contre le Mali à l’issue d’une réunion extraordinaire des Chefs d’Etat de la CEDEAO. Pour le président de l’UFDG, ces sanctions contre la junte ne sont que la conséquence du non-respect de ses engagements : «La CEDEAO est souveraine dans ses prises de décisions. Mais, je suis peiné que le peuple malien soit touché par ces sanctions. Il faut que nos États aussi respectent les engagements qu’ils prennent vis-à-vis de notre organisation sous régionale ». Sidya Touré lui, espère que la junte au pouvoir en Guinée va s’en inspirer : «Je pense que ça nous permet de réfléchir à la manière dont nous allons conduire notre propre transition, nous sommes membres également de la CEDEAO».

Yacine Diallo