Quatre mois après la prise du pouvoir par l’armée, le Conseil national de la transition, tant réclamé par la classe politique et la communauté internationale, est enfin là. Mais le choix de ces 81 personnes qui devront siéger est loin de faire l’unanimité. Le Collectif des partis politiques s’est réuni ce 24 janvier au siège de la CORED pour plancher sur cette actualité et bien d’autres.

Dans le choix des conseillers opéré par le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, Mory Condé et le CNRD, le constat révèle des surprises à bien des égards. C’est le cas des partis politiques. Alors qu’une partie de la classe politique avait trouvé un consensus autour des quinze personnes devant les représenter, ce choix a tout simplement été bouleversé. Le RPG arc-en-ciel, la CORED (trois représentants chacune), la COPED, le FNDC-Politique (deux représentants), se taillent la part du lion. Au détriment de l’ANAD et du reste qui n’ont eu droit qu’à un seul poste. Un arbitrage dénoncé par bien de Guinéens. Le CPP, Collectif des partis politiques, pour éviter des divergences, a laissé le soin à chaque coalition de réagir en son sein : «Nous avons abordé très brièvement la mise en place du CNT. Il y a des coalitions qui sont satisfaites, il y en a qui ne le sont pas. Nous avons dit que chaque coalition exprimera sa satisfaction ou sa frustration en son sein. Il n’y aura pas de point de vue du CPP, parce qu’on doit éviter tout ce qui nous divise», affirme Cellou Dalein Diallo, porte-parole du CPP.

Pendant les réunions précédentes, le CPP avait mis en place des commissions de travail sur le chronogramme et la durée de la transition, le fichier électoral, l’organe de gestion des élections, la réconciliation nationale, entre autres. Aujourd’hui, ces commissions ont été meublées. Leurs membres (sept par commissions), ont jusqu’au 3 février pour déposer leurs rapports au niveau du Comité de coordination. Ce travail pourrait être déposé au CNRD, si la plénière du 7 février le valide.

Éviter les conflits

Le président de l’UFDG justifie le souhait du CPP d’avoir un face-à-face avec la junte par la nécessité d’éviter les conflits inutiles : «L’objectif, c’est de contribuer à la mise en œuvre d’une transition inclusive, paisible, qui permet d’aboutir à l’organisation d’élections inclusives, libres et transparentes pour que les Guinéens puissent choisir librement leurs dirigeants. Nous allons réfléchir, élaborer un mémorandum au CNRD. Nous espérons que le gouvernement va nous donner l’opportunité de défendre nos positions dans un dialogue structuré. Le dialogue est important, parce qu’il permet de prévenir des conflits… Il n’est pas bon que chacun prête à l’autre des intentions. Cela nous évitera des expressions comme : CNRD a un agenda caché ou les politiques ont un agenda caché. Personne n’a un agenda caché. Si nous discutons avec bonne foi, et en toute responsabilité, je suis convaincu qu’il y aura des consensus… Lorsqu’on ne se parle pas, il y a des risques de conflits ».

Yacine Diallo