Le 2 février à la télé-bidon nationale, Aly Touré, le pro-crieur spécial de la CRIEF, Cour de répression des infractions économiques et financières, annonce l’ouverture d’une information judiciaire sur Zenab Nabaya Dramé. L’ex-ministre de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle est poursuivie pour détournements présumés de deniers publics et de blanchiment d’argent.

En novembre 2020, l’affaire Nabayagate a défrayé la chronique. Sans suite judiciaire aucune. La mise en cause, Zenab Nabaya Dramé, savourait une impunité sans faille de la part de son champion, le Prési Alpha Grimpeur. La jeunesse du Rpg arc-en-ciel s’est désolidarisée de la ministre et a exigé lumière sur l’affaire. Sans succès. Zenab Dramé avait même déposé une plainte contre trois journaleux, pour diffamation.

La CRIEF née à l’initiative du Prési de la Transition, Mamadi Doum-bouillant, a dépoussiéré le dossier, à l’image de tant d’autres ayant trait à des présumés détournements de deniers publics. Aly Touré, le pro-crieur spécial de la CRIEF, a requis l’ouverture d’une information judiciaire contre l’ex-mini-stress, le 2 février. Elle est poursuivie de détournements présumés des deniers publics et blanchiment d’argent durant des années de service à différents postes.  

Aussi, une information judiciaire a été annoncée contre Ismaël Diou-battu, ex-ministre du Budget et Tibou Kamara, ex-ministre Conseillé à la Présidence. Ceux derniers sont accusés pour des faits de complicité de détournement de deniers publics et de blanchiment d’argent. « Ces personnes doivent justifier l’utilisation de plus de 150 milliards de francs guinéens », peste le pro-crieur. Pour la répression, il compte sur les dispositions des articles 19, 20, 499, 764 et suivants du Code pénard, ainsi qu’aux articles 7, 112 et 113 de la loi sur la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

La CRIEF indique que ces infractions économiques et financières ont été commises lorsque dame Zenab Nabaya Dramé occupait les fonctions de DAF (Directrice des affaires financières) au ministère de l’Agriculture et celui de la Santé. Aussi, lors de son passage aux commandes du ministère de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle. Le tout, sur une période comprise de 2014 à 2020.

Différents postes, différents présumés détournements… 

Citant l’article de notre con(.)frère Guinéenews.org, lequel a révélé le coup, le pro-crieur rappelle que de 2014 à 2018, dame Zenab Nabaya Dramé, directrice des affaires financières au ministère de l’Agriculture, « a reçu un montant de 56 milliards de francs guinéens qu’elle a utilisé sans aucune justification. De 2018 à 2020, pendant que la même personne occupait la même fonction au ministère de la Santé, un montant de 17 milliards avait été décaissé dans le projet de construction de la nouvelle Pharmacie centrale dans un site à Coyah. Sur ce montant, l’entrepreneur qui était sur les travaux n’a reçu que 7 milliards de nos francs. Les 10 milliards qui étaient encore consignés au niveau du Trésor public ont été utilisés par elle, sans aucune justification. Les enquêteurs sont allés au niveau du Trésor, ils n’ont trouvé dans les caisses que 41 millions de nos francs.»

Ministre de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, la bourse de la ministre est restée empli de pognon, selon la CRIEF. A la faveur de l’organisation des examens de sortie en 2020, un budget de plus de 20 milliards de francs glissants aurait été retenu et validé par l’Assemblée nationale de Damaron-ron Camara. « A son arrivée, elle a soutenu que le budget était très peu et qu’il fallait augmenter. C’est ainsi que le budget a été augmenté. Il est parti à hauteur de 43 milliards 483 millions 406 mille GNF. Sur ce montant qui devait donc servir à l’organisation des examens et concours de sortie des écoles professionnelles, elle n’a remis aux cadres techniques du département que 15 milliards pour organiser ces examens. Le reste du budget n’a jamais été  utilisé par ces cadres techniques et le ministre du Budget avait entièrement décaissé les 43 milliards GNF », a déclaré le pro-crieur, Aly Touré.

Selon le magistrat, Zenab Nabaya Dramé a par la suite récolté une somme de 35 milliards 857 millions 457 mille 923 de francs glissants pour l’achat des équipements pour le département. Mais, poursuit le pro-crieur, les équipements n’ont jamais été achetés. « Dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19, lors des examens de sortie, un montant de 1 milliard 582 millions 780 mille 800 GNF a été décaissé et mis à la disposition du ministère de l’Enseignement technique par le biais de la DAF. Ce montant a été utilisé sans aucune justification », ajoute-t-il. Quelle audace !

Préjudices colossaux

Aly Touré évalue les préjudices subis par l’Etat à 131 milliards 923 millions 644 mille 723 francs glissants.

En outre, des responsables de l’ANSS, Agence nationale de sécurité sanitaire et la LONAGUI (Loterie nationale de Guinée), sont aussi cités dans des affaires présumées de détournements des fonds publics. Selon le pro-crieur, l’Etat a subi un préjudice de plus de 1 milliard de francs glissants en ce qui concerne l’ANSS, où sont mis en cause l’ex dirlo général, Dr Sakoba Keïta et son comptable, Baba Alimou Barry. Ils sont accusés de détournements présumés de deniers publics. Au sujet de la LONAGUI, Aly Touré estime à 27 milliards de préjudice qu’aurait subi l’Etat.

« La particularité de ce dossier, c’est que ce ne sont plus les magistrats instructeurs qui vont être saisis, mais la Chambre de jugement pour que le jugement soit fait immédiatement », précise-t-il. Amen !

Yaya Doumbouya