Le 3 février, presqu’à la surprise générale, Abdourahmane Sanoh cédait la tête de la coordination nationale du Front national pour la défense de la Constitution à Oumar Sylla alias Foniké Menguè. Ce choix a très vite été contesté par une bonne partie de la base. Réunis au sein de ce qu’ils ont appelé ‘’Collectif des coordinations du FNDC’’, ils se sont officiellement fait entendre ce 8 février lors d’un point de presse.

Ce sont entre autres six antennes régionales dont celles de la zone spéciale de Conakry, à l’exception de la commune de Matam, neuf antennes préfectorales et deux antennes sous-préfectorales (Kolaboui et Sangarédi) qui contestent la manière par laquelle les responsables du FNDC ont porté Foniké Menguè à la tête de la coordination nationale. Ils dénoncent une décision loin d’être consensuelle et demandent désormais la dissolution de cette coordination : « Nous coordinations du FNDC, exigeons la démission avec effet immédiat du bureau national et avons choisi l’option de nous constituer en collectif dénommé Collectif des Coordinations du FNDC en vue de pérenniser les avancées démocratiques chèrement acquises. En attendant la démission du bureau national, le collectif demande avec insistance de s’abstenir de toute communication au nom du FNDC ».

Avant ce changement à la tête du Front, plusieurs antennes demandaient déjà des comptes à la coordination. Elle voulait notamment en savoir davantage sur la situation des victimes du FNDC, les fonds récoltés au nom du FNDC pendant la lutte, les tournées de la délégation du FNDC à l’étranger, les rencontres avec les Chefs d’Etat ouest africains ou avec le CNRD. Les frondeurs annoncent des poursuites judiciaires non seulement contre ceux qui sont impliqués dans les assassinats des militants anti 3e mandat de l’ex Président Alpha Condé, mais aussi contre des responsables du FNDC : « Le Collectif des coordinations du FNDC se constituera en partie civile pour poursuivre en justice tous les auteurs des crimes commis durant la période de lutte contre le troisième mandat de l’ex Président Alpha CONDE. Des démarches seront menées pour favoriser la prise en charge de tous les blessés et la libération de nos camarades qui sont encore en détention dans les prisons du pays. Des actions seront aussi engagées contre certains responsables du FNDC soupçonnés de détournement de fonds destinés aux soins des blessés du Front national pour la défense de la Constitution ».

Au sein de la coordination nationale, on estime que les frondeurs ont des raisons autres que celles qu’ils invoquent. « Le Collectif des coordinations du FNDC, est au regret de constater des manipulations orchestrées par certains membres du bureau national du FNDC à travers des discours ethniques et régionalistes dans le seul but de diviser le FNDC », réagissent les contestataires. Ils se demandent même si les responsables du Front ne veulent pas « laisser le mouvement mourir à petit feu ».

D’ici quelques jours, ces frondeurs promettent d’engager d’autres actions « si la coordination nationale ne revient pas à de meilleurs sentiments. Il faut qu’elle respecte la base ».

Yacine Diallo