Alors que le journaliste a aujourd’hui 72 ans et après avoir passé plus de 2000 jours en détention “préventive”, Reporters sans Frontières (RSF) demande à l’ONU de tout faire pour obtenir sa libération immédiate compte tenu de son état de santé extrêmement fragile et de l’urgence des soins dont il a besoin. 

Ce 10 février, Amadou Vamoulké “fête” son 72e anniversaire entre la prison centrale de Yaoundé, capitale du Cameroun, et le Tribunal criminel spécial (TCS) où il comparaît pour la 99e fois depuis son arrestation en juillet 2016… A cette occasion, et face aux risques imminents pesant sur la santé du journaliste en détention provisoire depuis plus de 2000 jours, RSF a saisi d’urgence la Rapporteure spéciale de l’ONU sur le droit à la santé.

Près de deux ans après un premier appel urgent, resté sans réponse, notre organisation l’alerte sur le besoin d’intervenir au plus vite en faveur d’une évacuation d’urgence pour motif médical, et détaille l’extrême vulnérabilité du journaliste due à son âge, à ses mauvaises conditions de détention ainsi qu’à sa maladie neurologique grave diagnostiquée en septembre 2019. RSF rappelle que malgré les rapports médicaux attestant que l’état d’Amadou Vamoulké nécessite des soins urgents et adaptés qui ne peuvent pas être effectués au Cameroun, celui-ci fait l’objet de refus de soins répétés et délibérés de la part des autorités camerounaises.

«En ce jour où Amadou Vamoulké passe un nouvel anniversaire en prison, nous demandons à l’ONU d’interpeller l’Etat camerounais pour le libérer avant qu’il ne soit trop tard !  Ce dernier n’a cessé d’ignorer les appels répétés pour la libération de ce journaliste malgré l’extrême fragilité de son état de santé, son âge, et son incarcération dans un contexte de pandémie mondiale, déplore  le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger. La propagation rapide du Covid 19 dans les prisons camerounaises surpeuplées et le statut d’individu “à risque » du journaliste face à la maladie menacent de l’exposer à des dommages irréparables à sa santé et justifie sa libération immédiate.»

Depuis son arrestation du 29 juillet 2016 sur la base d’accusations de détournement de fonds, l’ancien directeur général de la radiotélévision publique camerounaise (CRTV) est maintenu en détention “provisoire” depuis plus de cinq ans et demi. Malgré près d’une centaine d’audiences, toutes ajournées, les autorités sont en effet dans l’incapacité de présenter le moindre élément de preuve ou témoignage tangible à l’appui de ces accusations.

RSF multiplie les actions auprès des autorités locales et internationales pour obtenir la libération du journaliste. A la suite notamment d’une plainte de RSF, la détention de Mr Vamoulké a été qualifiée d’arbitraire par le Groupe de travail des Nations unies sur les détentions arbitraires en juin 2020. Dans cette décision, le Groupe de travail avait condamné la privation intentionnelle de soins et annoncé la soumission du cas Vamoulké au Rapporteur spécial sur le droit à la santé en raison de l’urgence de sa situation médicale. RSF avait également saisi de son côté la Rapporteur spéciale en mai 2020. Or, à ce jour, malgré ces demandes et l’urgence de la situation, aucune réponse n’a été apportée par la Rapporteure spéciale.

Le Cameroun occupe la 135e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

Reporters Sans Frontières