Très convoitée dans le monde, la fécondation in vitro est désormais possible en Guinée. Le Dr Mandiouf Moro Sidibé, gynécologue obstétricien, initiateur de cette nouvelle technologie médicale dans notre pays, en parle dans cette interview exclusive au Lynx.

Le Lynx : Qu’est-ce qu’un bébé éprouvette ?

Dr Mandiouf Moro Sidibé : Un bébé éprouvette est un bébé qui se conçoit en dehors du corps de la maman. En matière de reproduction, la mère donne l’ovule et le père, le spermatozoïde. C’est l’union des deux qui donne l’embryon. Normalement, le processus a lieu dans le corps de la femme. Mais si pour une quelconque raison cette conception devient impossible dans le corps de la femme, on récupère juste son ovule et le spermatozoïde de l’homme pour les mettre ensemble dans des tubes appelés éprouvette. Une fois que les deux se réunissent, la fécondation se fait et donne l’embryon. C’est cet embryon qu’on retire pour placer dans le corps de la mère.

Comment se déroule le processus ?

Dans le processus, il y a deux intervenants : nous, médecins, préparons les femmes, recueillons les ovocytes. Les embryologistes mettent les ovocytes dans des éprouvettes. Une fois qu’ils ont l’embryon, ils nous le remettent et nous le plaçons dans le ventre de la femme. 

Comment l’idée d’importer cette technologie vous est venue ?

A mon retour de la France en 1998, j’avais remarqué que les gens ne connaissaient pas la technique de fécondation in vitro, il n’y avait pas de demande. Avec le temps, cette technique s’est popularisée. Les gens, à travers les médias, ont compris que même si on ne pouvait pas concevoir, nous-mêmes, c’était possible de le faire à travers la fécondation in vitro. C’est ainsi qu’ils ont commencé à migrer vers des pays comme l’Inde, la Tunisie, la Hollande… A partir de là, je me suis dit qu’il est temps d’importer cette technique médicale en Guinée.

Cela aurait-il un impact sur les Guinéens ?

La majeure partie de la population ignorait la fécondation in vitro. C’est quand j’ai commencé que beaucoup l’ont connue. Il n’y a pas d’impact négatif, à mon avis.

C’est dans le but d’aider les femmes, les empêcher de courir vers d’autres pays, car cette technique se fait un peu partout dans le monde. Les Camerounais en font depuis 20 ans déjà; les Sénégalais, les Ivoiriens et même les Maliens, également. Ça coûte extrêmement cher parce que c’est une technique récente. Au lieu que les femmes financent des voyages à l’étranger (billets d’avion et autres dépenses, le processus prend au moins deux semaines, sans parler des frais médicaux proprement dits), le faire en Guinée permet d’économiser.

Justement, à quel prix le faites-vous en Guinée ?

La fécondation in vitro coûte… (Lire la suite dans Le Lynx N°1557 déjà dans les kiosques depuis ce lundi, 14 février 2022).

Interview réalisée par

Fatoumata Condé