Les erreurs du passé sont aussi colosses que le locataire du Palais Mohamed V. Le pouvoir est comme la drogue, plus forte la dose de départ, plus accroc tu es. Les agissements du Doum-bouillant ces derniers jours démontrent qu’il est en train de s’en accommoder. «Aujourd’hui, effectivement, nous revenons du terrain. Le Président, Colonel Mamadi Doumbouya, a parcouru les communes de Matoto, de Matam et de Dixinn dans le cadre de sa tournée pour prendre la température de la population». Quelle montée du mercure ! Depuis quand le Doum-bouillant est devenu le thermomètre du peuple de Guinée ? C’est comme ça que le bateau du CNDD a tangué en avril 2009, jusqu’à ce que son capitaine, El Dadis, change de langage pour dire qu’il allait se présenter aux élections à l’issue de la transition. Pourtant le Colonel Doum-bouillant avait charmé les Guinéens lassés d’Alpha Grimpeur, adepte d’un pouvoir à vie, et son régime qui tanguait entre dérives et violences.

Si vraiment le Doum-bouillant ne veut pas commettre les erreurs du passé, comme il avait promis dans ses premières déclarations après l’éviction d’Alpha Grimpeur du Palais Sékhoutouréya, il ne doit pas gaspiller son énergie pour aller jauger sa popularité sur le terrain comme tente de justifier son ministre Secrétaire gênant. Si sa popularité est à l’épreuve de certaines réalités, il doit regarder dans le rétroviseur depuis le 5 septembre 2021 pour en connaître les motifs.

Quelques erreurs du passé déjà commises !

En termes d’erreurs du passé, on peut relever pêle-mêle, la communautarisation de la transition dès le début par le soi-disant représentant du CNRD en la personne du fameux Mohamed Lion Bangoura. Ce Bangoureur s’est promené à la coordination mandingue pour dire que : «Le CNRD est venu de Manden. Notre grand chef, Laye Mamadi Doumbouya, est venu de Manden aussi. C’est pourquoi, je suis allé chez les Peulhs, j’ai commencé par les Soussous. Je suis allé sur la tombe de Lansana Conté, je suis allé  présenter le CNRD aux Soussous, aux Peulhs. Tout le monde connait le problème des Peulhs, mais ils ont accepté ce jour le pouvoir malinké (Doumbouya, ndlr). Qu’est-ce qui a fait cela ? Ce sont vos bénédictions qui ont permis cela, vous le Manden. Si vous ne pardonnez pas, comment nous allons faire ? C’est que vous vous êtes moqués de nous. Donc, c’est vous dire que de la frontière jusqu’en basse côte, c’est pour vous. Si vous ne pardonnez pas, la Guinée ne sera pas stable. Il faut que vous pardonniez. Ce qui s’est passé, s’est déroulé dans votre maison. Vous êtes assis, les Baga, les Soussous, les Forestiers, les Peulhs sont assis, ils regardent comment vous allez régler le problème de votre fils».

Sauf que la réconciliation tant clamée ne se fait pas avec une langue de serpent, mais la désapprobation du messager du Doum-bouillant se fait toujours attendre. Qui se ressemble… La visite à la Casse de Madina du 9 février, fief d’Alpha Grimpeur, est certainement un acte du hasard. L’on constate qu’après le passage de son messager, Lion Bangoura, à la Coordination mandingue et la libération à peine voilée du Grimpeur, autorisé à aller se faire soigner à l’étranger, il voulait savoir s’il peut compter sur les partisans du régime qu’il a éjecté. Ses grands soutiens de première heure ont compris qu’il veut se baser sur les adeptes du pouvoir d’Alpha Grimpeur pour contrecarrer toutes les attaques de la classe politique. Surtout qu’ils sont là, les leaders politiques que l’ancien Prési Grimpeur ne voulait pas avoir comme successeurs. Le colonel Doum-bouillant est soupçonné de vouloir imposer le renouvellement de la classe politique, mais avec une approche de disqualification à travers des moyens peu orthodoxes.

Le culte de la personnalité devient le sport favori des nouveaux promus à des postes de responsabilité. L’illustration parfaite, le cas du dirlo de l’Office guinéen de publicité. Il s’est auto-désigné le monsieur Tribune de la transition. Un peu comme le P’Tit-Bout Kamara vers la fin du règne d’Alpha Grimpeur. Aujourd’hui, tous les actes du Doum-bouillant font l’objet d’une tribune de vénération l’ancien exilé. Le comble aura été l’affiche géante collée à l’entrée de la presqu’île de Kaloum, même s’il l’a décrochée après les critiques sur les réseaux sociaux. Ce genre d’acte devrait faire l’objet d’une réaction solennelle du Colonel, pour montrer aux Guinéens que la démagogie n’a plus sa place dans l’administration. Hélas !

Les soi-disant dons du Colonel aux institutions ou à la population guinéenne

La RTG et le Colonel-petit président, Amara Cas-marrant, sont les porte-flambeaux de ce son de cloche servi aux Guinéens. La correction des erreurs du passé, c’est d’abord obliger la RTG et les hauts commis de l’Etat à changer de langage. Avant le 5 septembre 2021, le Colonel Doum-bouillant n’avait jamais fait de don à une institution, encore moins aux Guinéens. Ce qu’il peut donner aujourd’hui comme biens immobiliers, mobiliers, financiers, moyens de déplacement à une institution de la Roue-publique ou à la population guinéenne, appartient aux Guinéens, tiré des caisses de l’Etat. En quoi cela peut être un don de sa part ? Colonel Doum-bouillant doit dire à son «vice-président», le Colonel Amara Cas-marrant et à la RTG de ne plus l’accuser de faire des dons avec l’argent public. Il aura corrigé une autre erreur du passé.

La non-déclaration des biens du Colonel Doum-bouillant est un autre cas. Alpha Grimpeur a fait près de onze ans de pouvoir sans que les Guinéens ne connaissent les biens qu’il avait avant de prendre les commandes de la Guinée le 21 décembre 2010. Ils ne savent pas non  plus ce qu’il a amassé après une décennie de pouvoir, sans partage même si c’est un coup d’éclat qui l’a évincé. Le Colonel Président devrait donner l’exemple, parce que c’est l’une des erreurs monumentales du passé qu’il est en train de commettre. Itou, les autres membres du CNRD, le Premier ministre Mohamed, le Béat de la Transition, les ministres, les dirlos des régies financières! La liste n’est pas exhaustive.

Abdoulaye S. Camara