La Direction générale du Patrimoine bâti public, à travers une note, a sommé l’ancien Premier ministre et prési de l’Union des Forces Républicaines, le Sid Touré, de quitter son domicile situé à la Minière, commune de Dixinn, d’ici le 28 février prochain.
Interrogé sur la question le 17 février dans l’émission « Mirador », chez nos confrères de FIM FM, le Sid de l’UFR a fait savoir qu’il est passé par la procédure légale pour acquérir son domaine. « Je n’ai jamais eu affaire au Patrimoine bâti de quelque manière que ce soit. Je suis arrivé ici comme premier ministre en 1996. Pour me loger, on m’a donné la villa 20 de la cité. J’ai dit au Président Lansana Conté qu’il faut que je trouve un endroit où aller, c’est ainsi que j’ai rénové la maison où habitait la première dame. Même le gazon est venu de la Côte d’Ivoire pour faire quelque chose de potable parce qu’à l’époque le bâtiment était presqu’à l’abandon. Ensuite, j’ai dit au président que d’où je viens, en général, les hauts fonctionnaires n’habitent pas les maisons de l’Etat. Ils construisent leur propre maison et que moi j’aimerais bien trouver un terrain pour construire ma maison. On a fait le tour et le ministre de l’Habitat, à l’époque, Alpha Ousmane Diallo a dit qu’on a des terrains du domaine privé de l’Etat pas du patrimoine de l’Etat puisqu’il n’y a rien de bâti. On a fait le tour de Conakry et j’ai choisi celui-là ».
Il poursuit : « Le général Lansana Conté qui était président depuis douze ans a dit selon la loi, il peut prendre un décret pour m’attribuer le terrain parce qu’il m’avait proposé d’acheter la maison où habite madame Djènè Kaba, mais je lui ai dit que je ne veux pas de maison achetée. J’ai mon plan de construction, je vais le faire comme je l’entends. Donc ce terrain, on nous l’a attribué et ce jour-là nous étions avec Alpha Ousmane Diallo et le Président. Celui-ci a dit : je signe ce décret. Je lui ai dit que je voudrais qu’on fixe un prix pour que j’achète le terrain. Mais, il a dit non, la loi me permet d’en faire don. C’est 250 000fg que vous devez payer. Et en plaisantant, il a dit à Alpha Ousmane que les Ivoiriens croient qu’ils ont plein d’argent ; il faut le taxer. C’est ainsi qu’en décembre 1996, j’ai payé plus de 30 000 dollars pour un terrain qui n’a rien à voir avec les trucs qu’on voit aujourd’hui. J’ai payé et j’ai dit à mon notaire Maitre Diallo d’aller déposer mon chèque au Trésor. Il est revenu avec le reçu pour bien spécifier que j’ai acheté le terrain. A partir de là, j’ai pris un architecte et un ingénieur qui m’a fait un devis et j’ai construit ma maison ».
Selon le Sid de l’UFR nulle part, il n’a été question de patrimoine bâti ou non bâti. « Nous avons négocié, les instructions ont été données au ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat. C’est moi qui ai ouvert la route Enco 5 pour aller au KM 36. Tous les terrains qui sont là ont été scellés par le gouvernement avec des arrêtés du ministre de la Construction et de l’Urbanisme à tous ceux qui y habitent aujourd’hui. Donc, voilà comment je me suis retrouvé dans quelque chose en construisant une maison et en y habitant. Ma surprise est que, je reçois un papier du patrimoine bâti public. Je ne suis pas dans un patrimoine bâti, j’ai acquis un terrain nu de l’Etat. Si encore on me disait d’aller voir le ministère de la Construction pour mettre en cause l’achat du terrain, je comprendrais. Mais le Patrimoine bâti, je n’ai rien à voir avec ça. Donc, voilà la réalité et je tenais à rétablir cette réalité » a clarifié le Sid de l’UFR.
« Je compte saisir la justice parce qu’une chose est sûre personne n’est au-dessus de la loi. D’ailleurs, le CNRD a indiqué que la justice sera la boussole des actions qu’on va mener, donc la loi est impersonnelle », ajoute-t-il. Aux dires du prési de l’UFR, il n’est pas prêt à résister face à la décision du Patrimoine, mais il trouve tout de même choquante la démarche de récupération des domaines de l’Etat. « Nous n’allons pas faire de la résistance sur des choses comme ça, mais je trouve quand même choquant qu’en ayant habité dans ma propre maison pendant 25 ans et qu’hier quelqu’un vienne avec un bout de papier pour me dire que je dois dégager dans 10 jours. Même si j’étais locataire, j’avais droit à un préavis de trois mois. C’est une maison où j’ai mes affaires, mes livres, mes notes, et des choses sur lesquelles j’ai travaillé pendant vingt ans. On te dit en dix jours de ramasser ça et de quitter. Mais de quel droit ? Qu’est-ce que nous avons fait pour mériter cela ? Et je continue de le dire, je n’ai rien à voir avec le Patrimoine bâti. Je n’ai pas acheté quelque chose au patrimoine bâti », explique-t-il.
Le Sid de l’UFR, ne compte pas baisser les bras, dans les jours à venir il entend s’adresser au ministère de l’Urbanisme avec ses documents.
Kadiatou Diallo