Après avoir inauguré l’adduction d’eau potable à Tolo (Mamou) le 18 février et inauguré, le lendemain, le nouveau centre de Documentation et d’archivage environnemental à Labé, le 20 février, la mission de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal, OMVS, a mis le cap sur Tougué, préfecture située à 85 bornes au Nord-est de Labé. Sous la conduite de la Direction générale de la SOGEOH (Société de Gestion de l’Énergie des Ouvrages du Haut Bassin du Fleuve Sénégal en Guinée), des membres du Conseil d’administration de la Société, des responsables de la Cellule nationale de l’OMVS.
Dans la commune urbaine de Tougué, la délégation a été reçue par le préfet, colonel Ibrahima Souley Camara. Après le souhait de bienvenue et d’importants échanges d’information sur le futur barrage hydroélectrique de Koukoutamba (à réaliser dans la sous-préfecture de Kollet), le Directeur général de la SOGEOH, Souleymane Davré, et monsieur Moustapha Kane, le président du Conseil d’administration de ladite société, ont offert des kits antiseptiques à l’hôpital préfectoral. La remise du don s’est déroulée à l’hôpital, devant le préfet, le maire de la Commune urbaine, le Directeur préfectoral de la Santé. La liste n’est pas exhaustive.
Covid-19 oblige, le don « symbolique » était composé d’une dizaine de cartons de savons et d’eau de javel. «Nous vous faisons don, très modestement, de ces kits de savon et d’eau de javel qui vont vous permettre à assurer la protection sanitaire de vos locaux. Il est certes modeste, mais il préfigure de toute l’attention de la SOGEOH à ‘’Tougué’’, une fois dotée de l’important aménagement hydroélectrique de Koukoutamba. Faites-en bon usage», a déclaré M. Kane, PCA de la SOGEOH, ancien ministre mauritanien de l’Hydraulique et de l’Energie, qui a été de beaucoup dans le retour de la Guinée au sein de l’OMVS en mars 2006.
Dr Amadou Barry, le Directeur préfectoral de la Santé a exprimé sa joie : «Un cadeau symbolique pour vous, mais très important pour nous, parce qu’il entre dans le cadre de la lutte contre la pandémie Covid-19 et toutes les autres pathologies qui se transmettent à ‘’travers les mains sales’’. Il nous soulagera pour un temps, car ce matériel est un besoin urgent et régulier. C’est pourquoi, nous vous remercions et nous restons disposés et engagés à vous accompagner… » Le colonel Ibrahima Souley Camara lui emboîte le pas en ces termes: «La quantité ne nous intéresse pas, c’est la façon de donner. C’est pourquoi, je vous remercie par rapport au geste. Le don sera utilisé à bon escient», a promis le colonel.
Un hôpital propre qui souffre de plusieurs maux
L’hôpital préfectoral de Tougué présente un beau visage. L’hygiène y est fort appréciable, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, contrairement à bien des infrastructures sanitaires du pays. Malgré la présence d’arbres dans la cour de l’infrastructure sanitaire, difficile d’y ramasser une brindille ou une feuille. Pas de tas d’ordures non plus, à cause des poubelles installées un peu partout. Pour sa propreté, l’hôpital a bénéficié d’une attestation en 2019. Le secret de cette distinction ? Dr Ahmadou Douréko Baldé, directeur par intérim de l’hôpital, indique que tout le personnel est d’abord « balayeur », y compris le médecin, qui est « le premier à nettoyer son bureau, avant la fille de salle ». « La propreté est l’affaire de tous. Le nettoyage est quotidien. Pendant la semaine, il y a deux jours de nettoyage dits : grand nettoyage, parce que tout le monde se déploie et nettoie », précise Dr Baldé qui n’oublie pas le coup de pouce de la population, de l’autorité locale, de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, ANSS.
Avec ses 55 lits, ses quatre « grands services » (pédiatrie, médecine générale, chirurgie et maternité), auprès des services d’appui (pharmacie, laboratoire, radiologie et d’échographie), l’hôpital manque du personnel d’entretien et surtout du personnel soignant : pédiatres, nutritionnistes, chirurgiens-dentistes, etc. D’ailleurs, le «cabinet dentaire est actuellement fermé, parce que le seul agent qui y travaille, est en formation», précise le Directeur par intérim.
L’incinérateur est en panne, en plus du « manque d’appareils d’anesthésie fonctionnels ». S’y ajoute une « vieille » ambulance, en panne permanente (son chauffeur est revenu de Labé la veille de notre passage, le 19 février). Elle ne « peut aller à des zones éloignées pour évacuer les femmes enceintes comme à Fellô-Koundoua, située plus à l’est de Tougué». Récemment, selon Dr Baldé, l’hôpital de Tougué a dû recourir à l’ambulance de Koubia, pour transporter une femme en grossesse, parce que celle «de Tougué était en panne et en réparation à Labé». Le Directeur préfectoral de la Santé, lui, se résigne. Il n’a pas de « véhicule de liaison », c’est-à-dire il ne dispose de son véhicule de service, lui permettant de se rendre dans sa zone sanitaire, en cas de nécessité.
Pour évacuer les cas de complications (ruptures utérines suivies d’anémie sévère qui demande beaucoup de sang), les agents de santé font recours aux donneurs de sang, faute d’une banque fournit. A défaut, ils réfèrent la patiente à l’hôpital régional de Labé. Un autre calvaire, quand on sait que la seule ambulance que dispose l’hôpital de Tougué est le plus souvent beaucoup plus malade que les patients qu’elle doit transporter, sur de longues pistes caillouteuses, accidentées et nombreuses.
La réponse aux nombreuses requêtes de l’hôpital tarde encore, même si le ministère de la Santé vient de doter la morgue de l’hôpital de deux chambres froides.
L’OMVS via la SOGEOH et les autres bonnes volontés ont du chemin à parcourir.
Mamadou Siré Diallo,
Envoyé spécial