Les négociations entre les enseignants contractuels et les autorités sont au point mort. Les premiers dénoncent le refus du ministère de la Fonction publique et du Travail de les intégrer dans les effectifs de la Fonction publique avant un concours. Ils ont transformé leur mouvement de protestation en grève générale et illimitée. Bien d’écoles publiques sont aujourd’hui touchées par ce bras de fer. Il semble que l’atmosphère devient de plus en plus électrique entre les deux parties. Alsény Mabinty Camara, coordinateur national du Collectif des enseignants contractuels affirme que c’est toujours le statut quo : « Il n’y a aucune avancée dans les négociations. C’est pourquoi, nous avons décidé de maintenir notre mot d’ordre de grève jusqu’à nouvel ordre. La rencontre au Palais Mohammed V la semaine dernière n’était qu’une prise de contact. Les autorités ont demandé de leur fournir des pièces justificatives par rapport à notre situation, nous l’avons fait. Nous attendons le retour ».

Bien de Guinéens ne comprennent pas pourquoi ces enseignants contractuels ont autant peur de ce fameux concours d’accès à la Fonction publique. Pour le coordinateur de ce collectif, ses collègues ont plutôt peur d’un concours de façade qui les écarterait au profit de gens qui ne seraient pas enseignants : « Nous voulons simplement être intégrés à la Fonction publique, mais nous nous opposons à la forme d’intégration, eux parlent de concours, alors que nous ne voulons pas en entendre parler. Nous voulons être évalués en situation de classe. Nous estimons qu’après cinq ans en situation de classe, la question du concours n’est plus à l’ordre du jour. S’ils tiennent à l’évaluation, nous sommes disposés à être évalués en situation de classe. Nous savons comment les concours sont organisés en Guinée, c’est une façon de nous écarter au profit d’autres personnes qui n’ont rien à voir avec les enseignants contractuels. Nous nous opposons catégoriquement à ce concours ».

Alsény Mabinty Camara dénonce des ‘’intimidations’’ qui viendraient des départements de l’Education nationale, de la Fonction publique : « La grève est un droit, il faut discuter, au lieu de menacer ou d’intimider. Le département de l’Education nationale dit de remonter les listes des enseignants en situation de classe, c’est une façon de nous mettre de côté. Mais ils vont échouer, parce que ces formules ne vont plus prospérer ». Il en appelle à la ‘’sagesse’’ du Président de la Transition : « Sa seule volonté politique peut suffire à régler la situation. Aujourd’hui, il y a des écoles à l’intérieur du pays qui sont fermées, parce que du Principal aux chargés de cours, ils sont contractuels. Mais, ils ne veulent pas voir la réalité en face ».   

En attendant, Alsény Mabinty Camara demande à ses collègues de bouder les salles de classe, le temps pour les autorités de régler leur situation.

Yacine Diallo