Et si la suspension de M. Wright n’était en fait pas venue réellement du Garde des Sceaux mais plutôt un acte qu’on lui a fait prendre pour la forme, sans qu’il n’ait pu opposer la moindre résistance ? Il ne faut jamais oublier les mots du capitaine Moussa Dadis Camara à son Premier ministre d’alors, M. Kabiné Komara : «Ce n’est pas vous qui avez pris le pouvoir hein !» Ces mots rappellent d’autres mots du genre : «C’est nous qui sommes allés à la mort.» Le tort du ministre de la Justice est peut-être de n’avoir pas osé dire non aux  «injonctions» qu’il pourrait avoir reçues pour suspendre le désormais célèbre procureur. Dans tous les cas, il n’est pas certain que cette mesure de suspension ait déplu au ministre vu qu’il ne semble pas filer le parfait amour avec ce dernier. Dans tous les cas, on est encore face à la question de la marge de manœuvre des civils dans un gouvernement ou des structures mis en place par des régimes issus de coups d’État militaires.

Au Mali, ce qu’on a appelé le coup d’État dans le coup d’État, c’est-à-dire le deuxième coup d’État intervenu après que deux membres de la junte militaire ont perdu leurs portefeuilles dans le gouvernement sur décision du Président “civil” de la Transition. L’actuel Premier ministre, sans doute plus royaliste que le roi, est quant à lui assuré de rester plus longtemps à son poste. On a l’impression que les civils dans les régimes militaires n’ont que deux options : accepter d’avaler des couleuvres ou partir. À moins d’être dégommés.

 MT