Quarante-huit heures après le placement de leurs clients sous mandat de dépôt à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie, les avocats (sans vinaigrette) de l’ancien PM, Ibrahima Kassory Fofana, Don Cash, des anciens ministres Mohamed Diané, Oyé Guilavogui et Diakaria Koulibaly ont brisé le silence. Ce vendredi 8 avril, ils ont fait une déclaration au siège du Barreau de Guinée, pour dénoncer la procédure judiciaire ayant conduit à ces arrestations musclées.

Si les anciens dignitaires du pouvoir Grimpeur sont poursuivis pour « détournements de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, corruption et complicité », aux yeux de leurs avocats, ils paient pour leur statut d’anciens ministres. Ce qui « ne saurait être constitutive d’une quelconque infraction à la loi pénale », rappellent-ils. « Les avocats constitués s’insurgent contre la pratique qui a consisté à saisir la Direction centrale des investigations judiciaires de la gendarmerie sur la base des qualifications sus relevées en dehors de tout fait qui les soutienne. Or, ce sont les faits qui entrainent les qualifications et non le contraire », renchérissent-ils. Tout comme il n’y a pas de responsabilité collective, ni de présomption de culpabilité.

Rétropédalage du parquet ?

Le procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), très expéditif, avait prévu de poursuivre les membres de l’ancien gouvernement renversé le 5 septembre pour flagrant délit de « détournements de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, corruption et complicité ». La date de l’ouverture du procès a été ainsi fixée au 11 avril.

Mais à en croire les avocats de la défense, Aly Touré a finalement transmis le dossier à la chambre d’instruction. Un rétropédalage perçu comme « une preuve irréfutable du tâtonnement procédural de la part du parquet spécial près la CRIEF ». Les avocats (sans vinaigrette) « protestent vigoureusement contre ces pratiques d’un autre âge qui ne plaident nullement en faveur d’un procès juste et équitable et entendent, par la présente déclaration, interpeller le Garde des Sceaux qui est en même temps le ministre de la Justice et des droits de l’homme ainsi que l’opinion nationale et internationale sur ces violations des droits de la défense ».

L’ancien PM Don Cash et ses ministres ont été inculpés le 6 avril et expédiés à la Maison centrale, après trois défilés devant la Direction centrale des investigations judiciaires de la gendarmerie. Leurs avocats et soutiens dénoncent un procès politique pour écarter notamment Don Cash qui venait d’être porté à la tête du RPG arc-en-ciel (l’ancien parti au pouvoir), le 31 mars, sur fond de protestations internes.

Diawo Labboyah