Les Guinéens attendent le buzz, ils seront servis. La transition à durée indéterminée ne connaîtra pas de temps mort. Elle nous sert du buzz pour donner de quoi (ré)jouir chaque bord politique, pour moins se ronger les ongles sur le chronogramme. Certains citoyens revanchards prédisent : « Allons seulement, c’est devant qui est doux. », “Les mêmes qui ont applaudi finiront par pleurer”. D’autres, ceux qui ont applaudi le putsch apprennent à leurs dépens que « politiki ko djinna » : des rebondissements et retournements de situations à souhait dignes des films hollywoodiens. Les déchantés se demandent si l’agenda caché était de poursuivre les déchus en mal de légitimité pour mieux les blanchir et faire rebondir, ou de poursuivre les uns du camp adverse pour atteindre les autres, leur leader, sans donner au moment venu le sentiment de partialité.
Le dernier buzz judiciaire: la détention provisoire de quelques anciens caciques du RPG à l’hôtel 5 étoiles de Coronthie où ils séjourneront jusqu’à leur comparution à la barre. Le 11 avril au terme duquel ils pourraient sortir blanc comme le bonhomme de neige ou CRIEFcifié. Cinq jours au gnouf pour se regarder dans le miroir de leurs mains propres.
Poro, c’est rien! Vu l’ampleur de la casse du précédent régime : entre crimes de sang et crimes économiques, et j’en passe.
Le but n’est pas de défendre ou pourfendre Kassory et cie. Mais nous défendons des principes et des valeurs, une certaine conception de la justice : l’exigence d’une enquête judiciaire rigoureuse au vu de l’ampleur des crimes du dernier régime. Il faut éviter la collision/collusion entre l’agenda politique du CNRD et le calendrier judiciaire de la CRIEF.
Il faut éviter de faire de ces bandits en col blanc des (faux) martyrs. Cela passe par une justice fidèle à sa lenteur intrinsèque, suivant son propre rythme, à l’abri des turbulences politiques. Sinon comment expliquer tout ça ? Le mauvais timing où la CRIEF brandit l’épée de Justice. L’enchaînement d’événements, de la désignation de Kassory à la tête du RPG aux auditions et à la détention provisoire.
Avec le recul, on retient une leçon à propos de la récupération des domaines de l’État : plutôt que de jubiler, si le peuple avait condamné comme un seul homme la violation de procédures dans l’expulsion illico presto de Damaro et Nantou, peut-être aurait- on limité la casse de la résidence de la petite cellule. C’est un combat citoyen non partisan auquel un fanatique de parti ne comprendra rien. La Guinée avancera quand les citoyens arrêteront de banaliser la violation du Droit et l’indignation sélective. Le populiste CNRD distribue des postes sur tout l’échiquier politique pour faire taire les oppositions. Or, seul un mouvement populaire transpartisan fera reculer cette junte anonyme. Le joker des manifs habituelles ne pourra que précipiter le tour de certains anciens ministres devant la CRIEF voire leur séjour au bagne de Coronthie.
C’est aussi ça la démocratie pour laquelle nous nous battons. Défendre des principes et non des personnes, en se disant: « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ». Autrement dit : je ne suis pas du même bord politique que vous mais je me battrai pour que vous ayez droit à un procès juste et équitable. La meilleure façon d’éviter au leader de notre parti le même sort. De la façon et au rythme que se déroulent les procédures à la CRIEF, la Petite Cellule Dalein Diallo pourrait bien mériter son surnom (sobriquet), et une visite à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie n’est pas exclue. CDD n’a jamais été aussi proche de Sékhoutouréya et de Coronthie!
I.D