Kadiatou Bah, la Secrétaire générale du Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG), s’est prononcée sur la situation des enseignants contractuels. A l’entame, elle a salué le combat mené pendant les grèves des enseignants enregistrées dans le système éducatif guinéen en 2018 et 2019. « Je les appelle enseignants volontaires, parce qu’ils n’ont même pas encore le titre de contractuels, pas de matricule ni de bulletins de salaire. C’est avec le cœur très serré que j’interviens dans ce sens. En 2018 et 2019, ces jeunes volontaires ont sauvé le système éducatif guinéen sous les jets de pierres, des injures et tout, pendant les grèves. Dans les conditions normales, n’eut été le statut général de la Fonction publique qui dit que pour y entrer il faut obligatoirement passer par un concours, ce qui serait normal, c’était de faire une évaluation sur le terrain pour savoir qui faut-il garder et qui faut-il remercier. Mais ces enseignants contractuels que je connais-là, je ne pense pas qu’ils auront peur de faire face à un concours», a-t-elle lancé.

D’ajouter : «Quand tu dois faire un concours, c’est les sortants des ENI, de l’ISSEG qui connaissent déjà le b-a-ba de l’enseignement, c’est à dire depuis 4 à 5 ans, ils sont en classe. Aussi, les thématiques qui seront abordées ne seront que sur la pédagogie, la didactique, les moyens qu’il faut utiliser pour enseigner. Mais voilà leur crainte au départ : chaque fois qu’on ouvre le concours pour la fonction publique, nous avons beaucoup de personnes qui n’ont jamais fait ces institutions de formation pédagogique qui viennent postuler, soit par le relationnel, soit en passant par des pots-de-vin au niveau des gens qui organisent ce fameux concours, qui ne sont autre que les techniciens de la fonction publique, du MENA ou du MEPUA. On prend ceux-là qui n’ont pas fait ces formations, on laisse les jeunes qui ont souffert depuis 5 ans. Voilà la psychose qui tourne dans la tête des jeunes (…) Sinon, ce n’est pas normal de fermer un concours, nous avons des sortants des universités aussi qui n’ont pas fait ces formations en pédagogie ou en didactique, mais qui peuvent enseigner. Mais pour une exception, on n’a pris une mesure exceptionnelle, pour que ces jeunes soient récompensés. Pour nous, c’est un concours purement formel».

Kadiatou Bah fustige que parmi ces enseignants, il y en a qui ne sont pas en classe. «Il y en a parmi eux qui utilisent cette voie-là, juste pour passer sans concours et dès qu’ils sont là, un mois, deux mois après, ils traversent pour aller dans un autre département. Voilà pourquoi tout le temps nous crions au manque d’enseignants. C’est parce qu’ils viennent en tant qu’enseignants à la Fonction publique et peu après, ils abandonnent pour aller soit aux Affaires étrangères, à l’Habitat ou ailleurs. Donc, si cette fois-ci on dit que c’est seulement ceux qui ont accepté d’enseigner depuis 4 à 5 ans, ce sont eux réellement les sortants des institutions de formation pédagogique. Donc je ne pense pas qu’ils puissent refuser cela, parce que c’est un concours purement formel», a laissé entendre la Secrétaire générale du SLECG, lors de la présentation du protocole d’accord signé entre gouvernement, patronat et syndicat, le 11 avril.

Kadiatou Diallo