Facinet Camara, PDG de la société Flavio Voyage et Mohamed Kébé (frère cadet) de Amadou Salifou Kébé, défunt prési de la CEIN, Commission électorale nationale indépendante, sont poursuivis par le parquet de la CRIEF, Cour de répression des infractions économiques et financières. Ils sont accusés de « blanchiment de capitaux, enrichissement illicite et corruption », dans une affaire de billets de voyage pour des membres de l’institution. Le morceau est évalué à hauteur de 3 milliards 409 millions de francs glissants.

A la barre, Facinet Cas-Marrant a plaidé non coupable et a réfuté toutes les accusations portées contre lui. Le contrat, déclare-il, le lie dûment avec la CENI et il a été signé à hauteur de 3 milliards 409 millions 836 milles 118 francs glissants. Le service rendu en contrepartie, confectionné des billets de voyage, pour 80 missionnaires de la CENI.

Quant à Mohamed Kébé, il est hors du pays, pour des raisons de santé, dit-on. Il doit comparaître à la prochaine audience prévue dans trois semaines.

Au sortir de l’audience, Me Ousmane Simankan, de la défense de Facinet Camara, soutient que son client a bénéficié d’un contrat qu’il a exécuté et pour lequel il a été ensuite payé. « C’est à cause du montant qu’on lui a payé pour sa prestation qu’il a été poursuivi devant cette juridiction. Le blanchiment d’argent et la corruption ne tiennent pas. Le tribunal a eu des difficultés à poser des questions. Aucune de ses interrogations n’est relative au blanchiment ou à l’enrichissement illicite. Le parquet aussi n’est pas parvenu à le faire. Donc, c’est un dossier qui n’a pas de raison d’être. Nous espérons que nos clients seront libres, parce qu’ils n’ont rien fait de tel », clame-t-il.

Me Bernard Saa Dissi Millimono, l’avocat sans vinaigrette de l’Etat, s’est dit satisfait du débat. « Selon Facinet Camara, c’est Mohamed Kébé et sa famille qui auraient fait un préfinancement. Mais il refuse de donner les noms des membres de la famille Kébé. Il indique aussi qu’une certaine société SMC aurait fourni les billets à hauteur de plus de 600 millions de francs guinéens, mais qu’il ne connaît pas le représentant de cette société. Il dit qu’il n’y a aucun document qui le lie à cette société, aussi aux membres de cette famille et qu’il n’a signé aucun contrat avec lui ou avec Mohamed Kébé. Sauf que le tribunal a brandi un contrat où sont apposées sa signature et celle de Mohamed Kébé. Finalement, Facinet Camara a reconnu sa signature et le contrat entre lui et Mohamed Kébé », explique-il.

Pour Me Millimono, Mohamed Kébé qui n’est pas un employé de la société Flavio, encore moins son représentant, ne «peut venir à la CENI pour se faire remettre un chèque de 2 milliards émis au nom de la société Flavio. Par quel moyen la CENI peut lui remettre un chèque pour une société dont il n’est pas le représentant ? Pour nous, ce n’est qu’une mise en scène, il s’agit du blanchiment de capitaux, on est formelle. Et sur le fameux contrat, le signataire de la CENI, c’est le chef de cabinet. Ce n’est ni le président de la CENI, ni l’un des vice-présidents, ni le secrétaire ».

L’affaire a été renvoyée au 11 mai, pour la suite du débat et la comparution de Mohamed Kébé.

Yaya Doumbouya