Les mangues font parties des fruits les plus consommés en Guinée pendant « la saison» des mangues qui s’étend généralement de février à juin, selon les régions du pays. Jadis, la période de mangue est synonyme d’abondance. Mais le manque de conditions idéales de conservation et la durée de vie éphémère du fruit connu pour sa saveur font qu’il disparait dans la plupart des régions au bout de trois mois. Une mangue à maturité ne pouvant résister à une dégradation naturelle au bout de quelques jours. Elle est mangée sous plusieurs formes : crue, bouillie ou séchée pour être conservée.

Ces derniers temps, la mangue est devenue un fruit très vendu dans les villes et les abords des routes interurbaines. Ces fruits coûtent  si cher que certains consommateurs en veulent aux vendeuses, arguant que les mangues ne sont pas importées. Aux marchés de Matoto et de Kaporo, à Conakry, des dizaines de véhicules sont stationnés avec leurs cargaisons. Sur place, les cinq mangues se négocient à 10 000 francs francts, au lieu de quatre mangues à 20 000 comme c’était le cas à l’apparition en début de saison il y a quelques semaines. Les clients sont partagés entre le désir de faire plaisir à leurs papilles et le montant à se décaisser, surtout quand il est question d’une famille nombreuse. « Les mangues sont devenues une affaire de riches. Je me rends compte qu’il faut plus de 10 000 francs guinéens pour que chaque membre d’une famille de 6 personnes puisse avoir une mangue. Les mangues, ça nous plait, mais c’est devenu tellement cher qu’on ne peut pas se le permettre à tout moment », se plaint un client.

Le marché des mangues est généralement affaire des femmes qui les transportent actuellement depuis Mamou et Dalaba. Au marché Kaporo, Hadja Bailo Diallo attend les clients à bord d’une « Renault 6 places » remplie de mangues dont l’odeur envahit l’entourage. « Mes mangues sont venues de Boulliwel, Mamou. Les clients pensent que nous vendons cher nos fruits. Mais, imaginez, j’ai envoyé 1 500 000 francs guinéens pour remplir ce véhicule. Le transport m’a coûté 1 800 000 francs guinéens. Nous payons l’aller-retour pour que le chauffeur nous donne au maximum quatre jours pour vendre les mangues. Faites le calcul, si je ne fais pas attention je ne vais pas m’en sortir ! Parce que comme vous le voyez, il y en a qui pourrissent, on ne peut pas les vendre », a expliqué la dame.  Non loin, une nourrice qui a requis l’anonymat en possède une cargaison à bord d’une « Renault » de 9 places venue de Dalaba. Elle explique qu’elle a payé 2 000 000 pour faire le plein du véhicule au bout de deux jours. «Le transport m’a coûté 2 300 000 francs guinéens. Si les clients estiment que nous vendons cher les mangues, nous on sait ce qu’elles nous coûtent pour arriver ici. Nous les comprenons tout de même».

Th Hassane Diallo