Autour du rond-point du quartier Km36, dans la préfecture de Coyah, la conduite de motos-taxis est devenue l’activité principale de la plupart des jeunes. Plusieurs diplômés sans emploi, mariés, s’adonnent à ce qui est devenue une profession, pour faire face à leurs dépenses ainsi qu’à celles de leurs familles. Dans des gilets jaunes, ces conducteurs de motos-taxis sont confrontés à des difficultés liées aux tracasseries policières et au mauvais état de la route, notamment.

Naby Laye Camara est du syndicat des conducteurs de taxis-motos au Km 36, il narre son calvaire : « C’est la police routière qui est habilitée à réguler la circulation,  mais aujourd’hui les éléments de la CMIS (Compagnie mobile d’intervention et de sécurité) s’en mêlent. Ils nous arrêtent et nous verbalisent sans pour autant nous donner le reçu. Ensuite, les conducteurs de camions ne nous considèrent pas dans la circulation. Souvent, ils marchent sur les motards, pour les supplier après avec 50 mille ou 200 mille francs guinéens. Les routes sont étroites, en mauvais état et il y a trop de poussière. »

Les motards sont aussi victimes d’accidents, de braquages,  explique Fodé Lamine Camara, conducteur de taxi-moto au Km36.  Difficile pour eux d’être remboursés, puisque la plupart d’entre eux ne sont pas assurés faute de moyens. « Il y a beaucoup parmi nous qui font des accidents et perdent leurs jambes. J’ai été victime, comme je n’avais pas d’assurance, je me suis soigné moi-même .Vous savez, l’assurance coûte chère en Guinée. Le prix commence à partir de 200 O00 francs guinéens. Nous n’avons pas les moyens de nous en procurer. Récemment, j’ai deux amis qui ont été victimes de braquage. On est victime des braquages surtout la nuit ».

Ces nombreux motos-taxis sont aux alentours des grands ronds-points des axes principaux de Conakry et partout à travers la capitale. Pour la plupart des conducteurs, l’exercice de cette activité n’est pas une passion, elle est plutôt une contrainte, histoire de vivre et d’assister leurs familles dans leurs dépenses quotidiennes. Aboubacar Sylla, père de famille, est l’un d’eux, il témoigne : «J’exerce ce métier, pas parce que j’ai envie de le faire, mais je suis contrait. Je suis un diplômé sans-emploi, voilà pourquoi je suis conducteur de taxi-moto. Aujourd’hui, je dois satisfaire mes besoins et ceux de mes enfants», a-t-il affirmé avec désespoir.

Les taxis-motards  demandent aux autorités de mettre en place un système de sécurité, performant pour leur permettre d’exercer cette activité librement, avec le moindre risque.

Fadima Hawa Touré