Le célèbre avocat, Me Traoré, l’a noté avec sa finesse habituelle : «Le montant des cautions exigées au niveau de la CRIEF peut rassembler à un piège pour les inculpés. S’ils ne paient pas, ils restent en détention; s’ils paient, on pourrait se demander où est-ce qu’ils ont trouvé ces montants. L’on pourrait même percevoir cela comme la preuve, ou tout au moins, des indices de la réalité des faits à eux reprochés. C’est compliqué.»

C’est même hallucinant au vu des montants demandés : 20 milliards à Kassory Fofana et Oyé Guilavogui ; 30 milliards à Diané. Tout le monde est d’accord de payer, au grand dam du  Guinéen lambda, qui n’a pas dû y comprendre grand-chose. Lui qui ne connait ni l’enfer « des 5 Étoiles de Coronthie » que souhaitent quitter à tout prix les fortunés bagnards, ni la couleur, encore moins la saveur de ces grosses quantités de milliards dont il n’a entendu parler que dans les jeux de Monopoly auxquels il a rarement accès.

Spectateur hébété, le Guinéen à la sauce gondouanaise, ne pouvait pas éviter de poser un certain nombre de questions aux acteurs du jour. A commencer par ceux de la CRIEF. Sur quels critères se sont-ils fondés pour fixer de tels montants ? Comment peuvent-ils demander à un Guinéen de glisser trente milliards pour l’achat d’une semi-liberté, même si le concept de celle-ci s’avère plus important en Guinée que partout ailleurs en Afrique ?  N’avions-nous pas choisi « la pauvreté dans  la liberté à la richesse dans l’esclavage ? » On comprend dès lors que nul ne peut jouer avec celle-ci, pas même les hommes et les femmes de loi de la CRIEF.

Mais, puisque ces montants, faramineux aux yeux du naïf citoyen, n’ont pas posé de problèmes insolubles de paiement, pourquoi ne pas se demander si les magistrats de la CRIEF ne se sont pas fait rouler dans la farine. Une misère de trente milliards pour racheter une liberté aussi précaire ! Grand Dieu, qu’est-ce qui reste dans le compte bancaire de ces ministres ? Y en a-t-il suffisamment pour permettre à ces citoyens-hors pairs de mener une vie décente ? Les marchés de Conakry manque d’empathie envers leurs clients. En termes de prix, les gagne-petit qui y règnent en maîtres sont intraitables face au panier de la ménagère, quelle qu’en soit l’ancien poids.  Malheureusement, on ne mange pas de semi-liberté. Il faut encore débourser pour le rendez-vous hebdomadaire de monsieur au tribunal ; pour tous ces frais de transport des cousins, des tantes et autres oncles qui, à cause de la vigilance des gendarmes alentours, n’avaient pu se rendre à la maison pour compatir avec madame pendant que monsieur croupissait encore à Coronthie.

Il faut espérer que la CRIEF n’a pas fixé un net à payer inversement proportionnel à la taille…physique du client, mais en fonction de la longévité du bagnard dans la gouvernance d‘Alpha Grimpeur. Sinon, on a du mal à comprendre que le premier ministre, chef du gouvernement, paie dix milliards de moins que son ministre de la Défense. Dites-moi, cette petite différence entre la caution de Diané et celle de Kassory équivaut à combien d’années de salaire d’un fonctionnaire honnête ? Merci de ne pas  répondre ! On sait que  vous n’êtes un en matière de fixation de cautions à géométrie variable.

Diallo Souleymane